Romanos le MELODE

Romanos le MELODE (?-v. 560) écrits

Saint, compositeur d'hymnes

 

« Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde »

 

Celui qui est descendu sur la terre — lui seul sait comment — au moment d'en repartir — comment ? lui seul le sait — a pris ceux qu'il aimait et les a menés sur une montagne…pour leur élever la tête et l'esprit… Le Seigneur, étendant les bras comme des ailes, a couvert ainsi qu'un aigle le nid qu'il soignait tendrement (Dt 32,11) et a dit à ses petits : « Je vous ai protégés de mon ombre contre tous les maux (Ps 90,1) : comme je vous ai aimés, aimez-moi. Je ne me sépare pas de vous : je suis avec vous, et personne ne tiendra contre vous » (cf Mt 28,20; Rm 8,31)…

Par ces mots, le Sauveur a fait à ses apôtres une grande peine. Peut-être même pleuraient-ils et disaient… : « Tu nous quittes, tu te sépares de ceux qui t'aiment ?... Cela nous angoisse, parce que notre désir est d'être avec toi. Nous cherchons ton visage…; il n'y a pas d'autre Dieu que toi (Ps 26,8; Is 45,5). Ne t'éloigne pas de ceux qui t'aiment, reste auprès de nous et dis-nous : ‘ Je ne me sépare pas de vous : je suis avec vous, et personne ne tiendra contre vous… ' »

Le Seigneur, voyant les plaintes de ceux qui l'aimaient, les a soutenus comme un père ses fils… : « Ne pleurez pas, amis, car ce n'est pas le temps des larmes… C'est l'heure de ma joie : pour aller vers mon Père ‘ je prends les ailes, et je me reposerai ' dans ma tente (Ps 138,9). Car du firmament du ciel j'ai fait une tente…, comme le dit Isaïe : ‘ Dieu a dressé le ciel comme une voûte et comme une tente où l'on habite ' (Is 40,22), Dieu qui dit aux siens : ‘ Je ne me sépare pas de vous : je suis avec vous, et personne ne tiendra contre vous. ' »

« Soyez donc maintenant gais et radieux, prenez un air joyeux, ‘ chantez un chant nouveau ' (Ps 97,1), car tout ce qui va arriver arrive pour vous. Par amour pour vous je suis descendu ici-bas et je suis allé partout, afin de vous plaire et d'être accueilli par vous. C'est encore par amour pour vous que je remonte aux cieux, afin de disposer le lieu où je dois être avec vous : car « il y a beaucoup de demeures là-haut chez mon Père » (Jn 14,2)… Je vais donc préparer une demeure pour vous et vous y prendre, et je ne me sépare pas de vous : je suis avec vous, et personne ne tiendra contre vous. »

Hymne 48, L’Ascension, 2-4, 7-8 ; SC 283 (trad. SC p. 141s rev.)

« Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée »

 

Comme la femme souffrant d'hémorragie je me prosterne devant toi, Seigneur, pour que tu me délivres de la souffrance, ami des hommes, et que tu m'accordes le pardon de mes fautes, afin qu'avec componction de cœur je te crie : « Sauveur, sauve-moi ». (...)

En se cachant, Sauveur, elle allait à toi, car elle te prenait pour un simple humain ; mais sa guérison lui enseigna que tu étais Dieu et homme tout ensemble. Secrètement elle toucha ta frange, (...), craignant dans son âme (...). Elle se disait en elle-même : « Comment me ferai-je voir de celui qui observe tout, moi qui porte la honte de mes fautes ? Si le Tout-Pur voit le flux de sang, il s'écartera de moi comme impure, et ce sera pour moi plus terrible que ma plaie, s'il se détourne de moi malgré mon cri : Sauveur, sauve-moi.

« En me voyant, tout le monde me bouscule : ‘Où vas-tu ? Prends conscience de ta honte, femme, sache qui tu es, et de qui tu voudrais t'approcher maintenant ! Toi, l'impure, approcher le Tout-Pur ! Va-t'en te purifier, et quand tu auras essuyé la tache que tu portes, alors tu iras vers lui en criant : Sauveur, sauve-moi.’

« — Vous cherchez à me causer plus de peine que mon propre mal ? Je sais que lui il est pur, et c'est bien pour cela que j'irai à lui, pour être délivrée de l'opprobre et de l'infamie. Ne m'empêchez donc pas (...) de crier : Sauveur, sauve-moi.

« La source épanche ses flots pour tous : de quel droit la bouchez-vous ? (...) Vous êtes témoins de ses guérisons. (...) Tous les jours il nous encourage en disant : ‘Venez à moi, vous que les maux accablent ; moi, je pourrai vous soulager’ (Mt 11,28). Il aime faire le don de la santé à tous. Et vous, pourquoi me rudoyez-vous en m'empêchant de lui crier (...) : Sauveur, sauve-moi ? » (...)

Celui qui sait toutes choses (...) se retourne et dit à ses disciples : « Qui vient de toucher ma frange ? (Mc 5,30) (...) Pourquoi me dis-tu, Pierre, qu'une grande foule me presse ? Ils ne touchent pas ma divinité, mais cette femme, en touchant mon vêtement visible, a saisi ma nature divine, et elle a acquis la santé en me criant : Seigneur, sauve-moi. (...)

« Prends courage à présent, femme. (...) Sois donc désormais en bonne santé (...) Ceci n'est pas l'ouvrage de ma main, mais l'œuvre de ta foi. Car beaucoup ont touché ma frange, mais sans obtenir la force, parce qu'ils n'apportaient pas de foi. Toi, tu m'as touché avec beaucoup de foi, tu as reçu la santé, c'est pourquoi je t'ai amenée maintenant devant tous, pour que tu dises : Sauveur, sauve-moi. »

Hymne 23 passim, Sur l'hémorroïsse, SC 114
(Hymnes XXI-XXXI, tome III;
trad. J. Grosdidier de Matons; Éd. du Cerf 1965, p. 87-101, rev.)