Supplicateurs Veritas
« Cher Pape François, c'est avec une certaine témérité que nous vous adressons notre appel ; nous le faisons avec la peur de qui se sent blessé par les paroles de son papa.
Nous sommes des homosexuels catholiques, accompagnés de nos familles et amis. Notre voix faible a de plus en plus de mal à se faire entendre car jugée désaccordée et… incorrecte. C'est pourquoi nous nous tournons directement vers vous, Saint-Père, pour vous faire part de nos doutes et de nos perplexités concernant la Déclaration Fiducia Supplicans du Dicastère pour la Doctrine de la Foi.
Au cours des années de votre pontificat, nous avons suivi de près le développement de la « réflexion théologique, basée sur la vision pastorale » de Votre Sainteté, depuis ce premier « Qui suis-je pour juger un homosexuel ? ce qui a suscité une attention mondiale sur la question des personnes homosexuelles. À ce moment-là, nous avons tous compris, certains avec satisfaction, d’autres avec inquiétude, que la question homosexuelle vous tenait particulièrement à cœur. Nous avons tous compris, Votre Sainteté, que vous aviez cette phrase dans votre cœur depuis un certain temps et que vous attendiez l'occasion de pouvoir l'exprimer publiquement. Votre texte n'était pas une simple note pastorale mais une déclaration de vouloir changer une vision pastorale que vous n'avez pas trouvée convaincante.
Saint-Père, il est évident que vous aviez déjà décidé de la direction à prendre, après avoir probablement écouté les voix les plus éminentes traitant de cette question. Vous auriez pu choisir la voie du père qui consulte et écoute tous ses enfants, même les plus rigides, non représentés et peut-être réservés. Au lieu de cela, vous avez décidé de n’écouter qu’un côté, celui sans doute le plus en phase avec le monde moderne, le plus visible et organisé.
Au fil des années, nous vous avons vu vous adresser en personne, avec un accueil paternel, à vos amis transgenres et homosexuels, célibataires et en couple, qui ont eu le privilège de partager avec vous leurs pensées et leurs expériences. Malheureusement, nous n'avons pas entendu parler de vos rencontres avec ceux qui vivent et expérimentent, par la grâce de Dieu, la beauté libératrice du Magistère catholique pour les personnes ayant des attirances pour le même sexe.
Nous avons reçu avec faveur le Responsum de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi au dubium sur la bénédiction des unions homosexuelles publié le 15 mars 2021, car il nous a confirmé dans la foi et en même temps nous a animés comme hommes et femmes. , homme et femme, dans le chemin à la suite du Seigneur pour le salut de nos âmes. En fait, ce Responsum déclare d'une manière très claire : « pour se conformer à la nature des sacramentaux, lorsqu'une bénédiction est invoquée sur des relations humaines particulières, en plus de la juste intention de ceux qui y participent, il est nécessaire que ce que est béni d'être ordonné objectivement et positivement de recevoir et d'exprimer la grâce, selon les desseins de Dieu inscrits dans la création et pleinement révélés par le Christ Seigneur. Par conséquent, seules les réalités qui sont en elles-mêmes ordonnées à servir ces fins sont en accord avec l’essence de la bénédiction communiquée par l’Église » et ajoute « l’Église rappelle que Dieu lui-même ne cesse de bénir chacun de ses enfants pèlerins dans ce monde [… ]. Mais il ne bénit pas et ne peut pas bénir le péché. Quelques mois plus tard seulement, le 18 décembre 2023, le même Dicastère s’est malheureusement opposé en publiant la Déclaration Fiducia Supplicans par laquelle il contourne et annule « que ce qui est béni soit ordonné objectivement et positivement » et ainsi « bénit le péché ». De toute évidence, la coexistence des deux documents est un monument du relativisme moral ainsi qu’une grave offense à la logique et à la raison.
Pape François, Vous, en défendant Fiducia Supplicans jusqu’au bout, semblez vouloir planter un pieu pour marquer un point de non-retour. En fait, cela nous montre le début d'un chemin déjà tracé et dont on peut entrevoir les contours : le soutien public que vous avez manifesté aux unions homosexuelles dans le domaine civil ne manquera pas de trouver une application cohérente dans le domaine ecclésial comme enfin, sous le même prétexte de préserver la doctrine du mariage catholique.
L’Église a toujours béni « todos, todos, todos », comme vous aimez à le répéter, mais par une bénédiction canonique, liturgique, sacerdotale, donc efficace. Les homosexuels n'ont-ils pas aussi le droit de recevoir ce sacramentel dans la plénitude de son potentiel de Grâce ? Saint-Père, si ce désir de votre cœur d'accueillir les « homosexuels qui cherchent Dieu » est sincère et profond, pourquoi proposer une bénédiction hâtive, vidée de son caractère sacramentel, simplement parce que, pour vos convictions personnelles, l'accueil doit nécessairement passer par le l'acceptation pleine et entière, sociale et ecclésiale, de « l'amour homosexuel », empruntant ainsi un langage qui n'est pas celui de nous, catholiques ? Êtes-vous vraiment convaincu que c’est la bonne manière de concevoir une pastorale catholique qui réponde aux véritables questions spirituelles d’un cœur attiré par le même sexe ?
Nous, d’une manière très discrète, pensons que non, Pape François. Nous pensons qu'il y a beaucoup de choses différentes et bien plus encore. Nous recevons tous un appel spécial du Seigneur Jésus : être comme lui, aimer comme il nous aime. Nous voulons prendre notre croix et le suivre parce que son joug est doux et léger, tandis que le joug du monde est dur et conduit au désespoir. Nous avons vécu cela, Votre Sainteté, parce que nous avons parcouru ces chemins sinueux et nous en portons encore les blessures.
Nous connaissons, Saint-Père, quelles sont vos préoccupations car elles sont les mêmes que les nôtres. Vous souffrez, comme nous, parce que certains homosexuels sont rejetés par leur propre famille en raison de leur lien affectif avec une personne du même sexe. Cette attitude de rejet, malgré les bonnes intentions, méconnaît le Magistère catholique sur le sujet, qui se montre péremptoire lorsqu'il affirme que les homosexuels « doivent être reçus avec respect, compassion, douceur. A leur égard, toute marque de discrimination injuste sera évitée. Par conséquent, nous sommes d’accord avec vos préoccupations car nous avons vécu ce rejet dans nos os. Nous aussi, Saint-Père, avons parfois été regardés avec suspicion, avec condescendance, avec pitié ou avec mépris, précisément par ceux qui nous aiment. Aujourd’hui, malheureusement, il faut le dire, nous subissons également le même mépris de la part de certains pasteurs de la hiérarchie catholique, tant parmi les plus conservateurs que parmi les plus progressistes.
Bien sûr, Fiducia Supplicans intervient apparemment dans ces situations familiales problématiques et douloureuses, venant au secours des personnes homosexuelles rejetées en raison de leur relation homosexuelle. Mais si vous, Pape François, dites que « l’amour homosexuel » est bon et vient de Dieu, comment un parent catholique pourrait-il continuer à justifier une vision éducative différente ? En fait, il est probable que c’est ce qui se passe dans de nombreuses familles catholiques : des parents se réconcilient apparemment avec leurs enfants parce que « le pape François l’a dit aux suppliants de Fiducia ». Cette méthode révolutionnaire a cependant le goût de l’ingérence ; c’est intervenir avec force contre le commandement de Dieu aux parents de « transmettre leur foi à leurs enfants ». Ainsi est brisé ce dialogue constructif entre parents et enfants, inspiré par la doctrine catholique, nécessaire à la croissance spirituelle de tous les membres de la famille qui, appelés par le Seigneur à s'interroger en profondeur sur le thème de l'homosexualité, peuvent devenir des maîtres d'amour. et non de conformité. Nous réservons aux familles cette liberté éducative qui leur appartient, Sainteté, sans interférer avec les opinions personnelles transmises d'en haut, aussi autoritaires soient-elles. Nous sommes convaincus que nous aurons besoin de ces saintes familles devenues expertes dans le soin, au lieu de continuer à les ignorer, de plus en plus à soigner les blessures émotionnelles.
Nous avons peut-être résolu certaines situations critiques, certes, mais aux dépens de la Vérité. Vous, Saint-Père, en déclarant bon « l’amour homosexuel », vous vous substituez aux familles pour « résoudre le problème » d’un cas particulier douloureux. Ce faisant, vous forcez peut-être certains parents catholiques à suivre les traces de tant de personnes qui rejettent les suppliants de la Fiducia, notamment les cardinaux, les évêques et les prêtres du monde entier, créant ainsi de nouvelles tensions au sein des familles. Vous êtes bien conscient que les sentiments homosexuels sont en eux-mêmes désordonnés, même si vous n'aimez pas ce langage car il vous semble dur et offensant. Ne serait-il pas plus pastoralement correct de « résoudre le problème » en pratiquant la Vérité avec Charité, plutôt que de s’engager dans la voie du sentimentalisme mensonger ? La vérité nous rend réellement libres, Votre Sainteté. Ce n’est pas un dicton dépassé. Mais le mensonge nous rend encore plus esclaves d’une idéologie hâtive et superficielle qui n’a rien à voir avec la Vérité du Christ, encore moins avec sa Charité.
Saint-Père, nous aspirons aux choses les plus élevées, nous aspirons au Ciel. Nous n’avons pas besoin d’une tape dans le dos aussi amicale, compatissante et dégradante que celle des Fiducia Supplicans . Nous aussi avons le droit de parcourir le chemin de la conversion et, finalement, de laisser le Christ Jésus rendre notre Croix glorieuse.
Alors, en vérité, nous vous en supplions, Saint-Père : demandez au Dicastère compétent de retirer ce document inutile et nuisible, et laissez-nous, tout à fait, sans exclure personne, nous consacrer, entreprendre une pastorale sincère et vraiment efficace, dans son intégralité. harmonie avec l'image du Bon Pasteur qui part à la recherche des brebis blessées, les défend, les porte sur ses épaules et les guérit, les ramenant au troupeau. Nous avons besoin de bons pâturages, Pape François, nous avons besoin de paroles de Vérité.
Avec franchise et respect.
Les homosexuels catholiques, leurs familles et amis