PASSION / Le Sang, c’est la vie

Introduction

Médicalement le sang est vital au corps humain, il est symbole de vie.  De cela il n’y a pas à discuter.

Mais qu’en était-il dans les religions anciennes ?  Qu’en est-il dans la bible ? Qu’en est-il pour les chrétiens ?

 Dans les anciennes religions,

Dans les religions anciennes (et encore dans certains paganismes aujourd’hui) les sacrifices de sang avaient une grande importance. Les gens croyaient que ces sacrifices humains leur attireraient les faveurs de leurs dieux ou calmeraient la colère des dieux. Et l’horreur n’avait pas de limite ….

[3] Les anciens habitants de ta terre sainte,[4] tu les avais pris en haine pour leurs détestables pratiques, actes de sorcellerie, rites impies.[5] Ces impitoyables tueurs d'enfants, ces mangeurs d'entrailles en des banquets de chairs humaines et de sang, ces initiés membres de confrérie,[6] ces parents meurtriers d'êtres sans défense, tu avais voulu les faire périr par les mains de nos pères,[7] pour que cette terre, qui de toutes t'est la plus chère, reçût une digne colonie d'enfants de Dieu. Sagesse 12/3.7

Les religions païennes environnaient les Hébreux et beaucoup succombèrent et sacrifièrent leurs propres enfants aux idoles, versant ainsi leur sang …. Ce que Dieu n’avait jamais ni demandé, ni permis

[37] Ils avaient sacrifié leurs fils et leurs filles aux démons.[38] Ils versaient le sang innocent, le sang de leurs fils et de leurs filles qu'ils sacrifiaient aux idoles de Canaan, et le pays fut profané de sang.[39] Ils se souillaient par leurs actions, ils se prostituaient par leurs pratiques ;[40] Yahve prit feu contre son peuple, il eut en horreur son héritage.  Ps 106/37.40

Bible

Dès la genèse on voit que pour Dieu, verser le sang de quelqu’un n’est pas anodin, et que quiconque prend le sang d’un autre devra lui aussi verser le sien. Qui prendra la vie de quelqu’un perdra la sienne.

La Parole assimile le sang à l’âme (la Vie), car s’il n’y a plus de sang pour faire vivre le corps, le corps meurt, l’âme n’a plus d’enveloppe humaine, l’humain n’existe plus. Or l’humain a été fait à l’image et à la ressemblance de Dieu. On ne peut donc lui porter atteinte sans porter atteinte du même coup à Dieu  

[4] Seulement, vous ne mangerez pas la chair avec son âme, c'est-à-dire le sang. [5] Mais je demanderai compte du sang de chacun de vous. [6] "Qui verse le sang de l'homme, par l'homme aura son sang versé. Car à l'image de Dieu l'homme a été fait. Gn 9/4.6

On voit encore dans la genèse que le sang marque la lignée, donc l’appartenance unique à une famille. C’est cette appartenance qui marque la qualité d’héritier.  

[4] Alors cette parole de Yahve lui fut adressée : "Celui-là ne sera pas ton héritier, mais bien quelqu'un issu de ton sang." Gn 15/4

Cela aura son importance plus tard pour les baptisés et la communion au Sang du Christ.

[27] Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant : "Buvez-en tous ; [28] car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés. Matthieu 26/27.28

Par ailleurs aujourd’hui nous savons médicalement que la lignée s’inscrit génétiquement dans le sang …. La bible exprimait donc déjà, sans le savoir, une vérité naturelle importante.

Dans le livre de l’exode on voit aussi que le sang du sacrifice animal sert d’alliance avec Dieu. Un alliance ou l’homme s’engage à suivre la voie de Dieu mais aussi ou Dieu s’engage avec l’homme.

[6] Moïse prit la moitié du sang et la mit dans des bassins, et l'autre moitié du sang, il la répandit sur l'autel. [7] Il prit le livre de l'Alliance et il en fit la lecture au peuple qui déclara : "Tout ce que Yahve a dit, nous le ferons et nous y obéirons." [8] Moïse, ayant pris le sang, le répandit sur le peuple et dit : "Ceci est le sang de l'Alliance que Yahve a conclue avec vous moyennant toutes ces clauses." Exode 24/6.8

Ainsi donc le sang symbole de vie, d’âme, de lien à Dieu devient un signe indélébile de relation et d’alliance. Cela se retrouvera aussi pour Jésus qui versera son sang en guise de Nouvelle Alliance

[20] Il fit de même pour la coupe après le repas, disant : "Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, versé pour vous. Luc 22/20

Il est à noter que ce sacrifice de la Sainte Cène, n’est pas une simple image. C’est une réalité tangible du fait même que Jésus va réaliser corporellement ce sacrifice quelques heures plus tard à Gethsémani et sur la croix

[44] Entré en agonie, il priait de façon plus instante, et sa sueur devint comme de grosses gouttes de sang qui tombaient à terre. Luc 22/44

[33] Venus à Jésus, quand ils virent était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes,[34] mais l'un des soldats, de sa lance, lui perça le côté et il sortit aussitôt du sang et de l'eau. Jean 19/33.34

Retenons aussi que pour le juifs du temps de Jésus cette notion de sang « à payer » est très forte. On en voit au moins deux passages qui le montrent

Le premier est que devant Pilate, qui s’en lave les mains, les juifs, dans l’emportement de leur orgueil de leur colère, affirment, sans bien réaliser ce qu’ils disent :

24] Voyant alors qu'il n'aboutissait à rien, mais qu'il s'ensuivait plutôt du tumulte, Pilate prit de l'eau et se lava les mains en présence de la foule, en disant : "Je ne suis pas responsable de ce sang ; à vous de voir !" [25] Et tout le peuple répondit : "Que son sang soit sur nous et sur nos enfants !" Matthieu 27/24.25

Le second, plus tard, est qu’ils veulent en rendre responsables les apôtres !

[28] "Nous vous avions formellement interdit d'enseigner en ce nom-là. Or voici que vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine ! Vous voulez ainsi faire retomber sur nous le sang de cet homme-là !" Actes 5/28

Pour nous chrétiens

Ainsi donc, à la lumière de tout ceci on comprend mieux le sens du sacrifice du Christ qui non seulement par son corps torturé mais aussi par son sang versé (sa vie enlevée), l’Alliance Nouvelle, recrée le lien d’alliance entre Dieu et les hommes, pour l’éternité ; mais à condition de rentrer réellement dans cette alliance par une vie qui corresponde aux exigences divines.

En ce sens l’épisode de la fin tragique de Judas n’est pas sans importance. Il a partagé le pain et le vin lors de la Sainte Cène avec Jésus, mais dans son orgueil il l’a trahi et conduit à la mort. Prenant conscience de son crime … et quel crime ! puisqu’il a livré le Messie … il se condamne lui-même hors de la Nouvelle Alliance, en s’ôtant la vie. Il vivait sous l’ancienne alliance, il n’a pas su accueillir la Nouvelle

[3] Alors Judas, qui l'avait livré, voyant qu'il avait été condamné, fut pris de remords et rapporta les 30 pièces d'argent aux grands prêtres et aux anciens :[4] "J'ai péché, dit-il, en livrant un sang innocent." Mais ils dirent : "Que nous importe ? A toi de voir."[5] Jetant alors les pièces dans le sanctuaire, il se retira et s'en alla se pendre.[6] Ayant ramassé l'argent, les grands prêtres dirent : "Il n'est pas permis de le verser au trésor, puisque c'est le prix du sang."[7] Après délibération, ils achetèrent avec cet argent le "champ du potier" comme lieu de sépulture pour les étrangers.[8] Voilà pourquoi ce champ-là s'est appelé jusqu'à ce jour le "Champ du Sang." Matthieu 27/3.8

Cela doit nous montrer que l’on ne peut agir n’importe comment au sein de la Nouvelle Alliance de Dieu. La vie se respecte, et la communion au Corps et au Sang du Christ scelle à chaque fois un peu plus cette alliance divine.

[27] Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant : "Buvez-en tous ;[28] car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés. Matthieu 26/ 27.28

De fait la Nouvelle Alliance nous offre la rémission de nos péchés. La communion au Corps et au Sang du Christ est donc sacrement de guérison. Une guérison qui s’opère à chaque fois que nous communions, du moins que nous communions « saintement » c’est-à-dire en ce que l’Eglise appelle « état de grâce ».

Mais malheur à celui qui la consommerait soit sans y reconnaitre le Corps et le Sang du Seigneur, soit qu’il soit en état de péché grave, voire mortel. Saint Paul se montre très clair à ce sujet.

[26] Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. [27] Ainsi donc, quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement aura à répondre du corps et du sang du Seigneur. 1 Cor 11/26.27

Ce qu’il faut bien comprendre c’est que communier au Corps et au Sang du Christ c’est communier à son Sacrifice, c’est nous unir à son Sacrifice, c’est entrer nous-mêmes dans son Sacrifice, non pour nous sauver nous-mêmes mais pour recevoir de Lui notre salut, notre rédemption. C’est un acte engageant, un acte fort qui nous relie au Ciel, qui nous engage dans une vie avec le Ciel, donc avec la nécessité d’une conversion en sainteté.

[28] Quelqu'un rejette-t-il la Loi de Moïse ? Impitoyablement il est mis à mort sur la déposition de deux ou trois témoins. [29] D'un châtiment combien plus grave sera jugé digne, ne pensez-vous pas, celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, tenu pour profane le sang de l'alliance dans lequel il a été sanctifié, et outragé l'Esprit de la grâce ? Hébreux 10/28.29

Communier nous engage véritablement dans le combat de la foi, et là encore Saint Paul est très clair

[3] Songez à celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle contradiction, afin de ne pas défaillir par lassitude de vos âmes. [4] Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang dans la lutte contre le péché. Hébreux 12/3.4

Heureusement le Sacrifice du Christ en son Corps et en son Sang : nous est le « ferment » dont nous avons besoin pour répondre à l’appel divin quant à notre chemin de sainteté.

 [18] Sachez que ce n'est par rien de corruptible, argent ou or, que vous avez été affranchis de la vaine conduite héritée de vos pères,[19] mais par un sang précieux, comme d'un agneau sans reproche et sans tache, le Christ,[20] discerné avant la fondation du monde et manifesté dans les derniers temps à cause de vous.   1 Pierre 1/18.20

De la communion sous les deux espèces

Le Christ par son incarnation s’est fait chair, c’est-à-dire qu’il a pris un corps. Et ce corps est livré à la mort, au sacrifice, tout autant que le sang.

[14] Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. Jean 1/14

La communion aux deux espèces se justifie donc pleinement. Du reste au cas où quelqu’un ne l’aurait pas compris, il suffit de relire le récit de la Sainte Cène :

[22] Et tandis qu'ils mangeaient, il prit du pain, le bénit, le rompit et le leur donna en disant : "Prenez, ceci est mon corps." [23] Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna, et ils en burent tous.[24] Et il leur dit : "Ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude. Marc 14/22.24

Par ailleurs l’évangile de Jean nous en exprime bien l’importance

[53] Alors Jésus leur dit : "En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous.[54] Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour.[55] Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson.[56] Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. Jean 6/53.56

L’église, pour des raisons de commodité, donne essentiellement la communion au Corps du Christ, spécifiant bien que la communion au Corps (hostie) contient aussi la communion au Sang, car c’est « Jésus tout entier » .

1390 Grâce à la présence sacramentelle du Christ sous chacune des espèces, la communion à la seule espèce du pain permet de recevoir tout le fruit de grâce de l’Eucharistie. Pour des raisons pastorales, cette manière de communier s’est légitimement établie comme la plus habituelle dans le rite latin. " La sainte communion réalise plus pleinement sa forme de signe lorsqu’elle se fait sous les deux espèces. Car, sous cette forme, le signe du banquet eucharistique est mis plus pleinement en lumière " (IGMR 240). C’est la forme habituelle de communier dans les rites orientaux. (CEC 1390)

Remarquons toutefois la phrase :

La sainte communion réalise plus pleinement sa forme de signe lorsqu’elle se fait sous les deux espèces

Si on considère que le signe ratifie la validité du sacrement on doit se demander : qu’apporte donc de plus la communion concrète au Sang du Christ ?

Comme dans tout sacrement il n’y a rien de magique, c’est la foi qui entre en jeu. Or qui dit foi, dit adhésion et engagement du fidèle.

Communier c’est s’offrir au Seigneur et se laisser guérir, fortifier et purifier par Lui, afin de lui correspondre de plus en plus.

Nous l’avons vu plus haut le sang marque la lignée, or de par notre baptême, nous sommes plongés dans la mort et la résurrection du Christ et par Lui nous devenons enfants de Dieu, nous sommes donc de sa lignée ! Ce n’est pas n’importe quoi et cela rend essentielle notre communion au Christ. De par notre baptême, nous sommes du même Sang que Jésus.

De plus si le sacrifice du sang est également signe de l’alliance où l’on est appelé à aller au bout de soi dans la sainteté, il est aussi signe de purification, puisqu’il contribue à la rémission des péchés

[27] Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant : "Buvez-en tous ;[28] car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés. Matthieu 26/ 27.28

Si Jésus a pris la peine de faire communier les apôtres sous les deux formes, ce n’était pas seulement pour imiter un « banquet » mais bien pour signifier l’importance de l’union réelle dans laquelle il s’offre à nous et de l’union à laquelle il nous appelle aussi.

.[56] Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. Jean 6/53.56

Par son Corps et son Sang Jésus nous fortifie et nous purifie.

De la même façon

  • Lorsque nous communions à son Corps, nous devons nous laisser fortifier en lui et développer ensuite cette grâce de force pour le suivre sur le chemin que le Ciel trace devant nous, c’est le courage de la foi.
  •  Lorsque nous communions à son Sang nous accueillons son œuvre de sanctification en nous, mais nous nous offrons nous aussi à lui en lui offrant notre vie, notre sang. C’est non seulement le courage de la foi, mais l’union à sa Passion, selon ce que sa volonté désire pour nous.

Il est évident qu’aujourd’hui, la communion, que ce soit sous les deux espèces ou non, est très largement mal comprise et mal vécue. Il n’en reste pas moins que la communion sous les deux espèces n’est pas « une grâce » au sens de « cadeau-bonbon » humain, comme on l’entend souvent, mais bien une grâce divine, qui nous appelle à une alliance complète avec Jésus, en son sacrifice pour le salut des âmes, en vue de l’éternité.

Myriam de Gemma