Erreurs sur Amoris laetitia

 Amoris lætitia, n’est pas une encyclique, mais une exhortation apostolique.

Une exhortation est un encouragement, pas une affirmation incontournable.

Par ailleurs cette exhortation est post synodale et les références citées viennent principalement du rapport final de la session 2015 du synode des évêques, et des allocutions et homélies du pape François lui-même.

.Le pape François dit très clairement, d’emblée, que l’exhortation apostolique post-synodale n’est pas un acte du magistère (No 3). La forme même du document le confirme. Il est écrit comme une réflexion du Saint-Père sur les travaux des deux dernières sessions du Synode des évêques

https://www.riposte-catholique.fr/riposte-catholique-blog/eglise-universelle/cardinal-burke-lexhortation-apostolique-post-synodale-nest-acte-magistere

C’est un texte qui traduit la pensée personnelle du pape Un exemple parmi d’autres de cette écriture personnelle :

« Je comprends ceux qui préfèrent une pastorale plus rigide qui ne prête à aucune confusion. Mais je crois sincèrement que Jésus Christ veut une Église attentive au bien que l’Esprit répand au milieu de la fragilité : une Mère qui, en même temps qu’elle exprime clairement son enseignement objectif, « ne renonce pas au bien possible, même [si elle] court le risque de se salir avec la boue de la route » (No 308).

https://www.riposte-catholique.fr/riposte-catholique-blog/eglise-universelle/cardinal-burke-lexhortation-apostolique-post-synodale-nest-acte-magistere

Les erreurs dans Amoris Lætitia

Voici une liste de certaines des erreurs les plus flagrantes d' Amoris Laetitia . 

  1. Vivre selon les enseignements de l’Évangile peut être impossible pour certaines personnes
  1. Personne n'est condamné à l'enfer
  2. « Les divorcés remariés civilement qui choisissent leur situation en pleine connaissance et plein consentement de leur volonté ne sont pas en état de péché grave, et peuvent recevoir la grâce sanctifiante et grandir dans la charité »
  3. « Un croyant catholique peut avoir pleine connaissance d’une loi divine et choisir volontairement de la transgresser dans une affaire grave, mais ne pas être en état de péché mortel à la suite de cette action. »
  4. La conscience peut « vraiment juger » que les péchés sexuels explicitement condamnés par l'Évangile « peuvent parfois être moralement justes ou demandés ou commandés par Dieu »
  5. « Notre Seigneur Jésus-Christ veut que l'Église abandonne sa discipline éternelle de refus de l'Eucharistie aux divorcés remariés et de refus de l'absolution aux divorcés remariés qui n'expriment pas de contrition pour leur état de vie et un ferme dessein d'amendement à son égard "

Dans le détails

1/ Vivre selon les enseignements de l’Évangile peut être impossible pour certaines personnes

AL 301 : « Par conséquent, il n’est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite ‘irrégulière’ vivent dans une situation de péché mortel, privés de la grâce sanctifiante. Les limites n’ont pas à voir uniquement avec une éventuelle méconnaissance de la norme. Un sujet, même connaissant bien la norme, peut avoir une grande difficulté à saisir les ‘valeurs comprises dans la norme’ ou peut se trouver dans des conditions concrètes qui ne lui permettent pas d’agir différemment et de prendre d’autres décisions sans une nouvelle faute. »

Cela signifie qu’une personne justifiée n’a pas la force, avec la grâce de Dieu, de remplir les exigences objectives de la loi divine, comme si quelque commandement de Dieu était impossible pour les justifiés ; ou comme signifiant que la grâce de Dieu, quand elle produit la justification dans un individu, ne produit pas invariablement et de par sa nature la conversion du péché grave, ou n’est pas suffisante pour la conversion de tout péché grave   

https://www.riposte-catholique.fr/riposte-catholique-blog/eglise-universelle/cardinal-burke-lexhortation-apostolique-post-synodale-nest-acte-magistere

Or la tradition de l’Eglise et la Parole sont très claires :

Concile de Trente, session 6, can. 18 : « Si quelqu'un dit que les commandements de Dieu sont impossibles à observer même pour l'homme justifié et établi dans la grâce, qu'il soit anathème. » (DH 1568)

 [11] Car cette Loi que je te prescris aujourd'hui n'est pas au-delà de tes moyens ni hors de ton atteinte.[12] Elle n'est pas dans les cieux, qu'il te faille dire : "Qui montera pour nous aux cieux nous la chercher, que nous l'entendions pour la mettre en pratique ?"[13] Elle n'est pas au-delà des mers, qu'il te faille dire : "Qui ira pour nous au-delà des mers nous la chercher, que nous l'entendions pour la mettre en pratique ?"[14] Car la parole est tout près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur pour que tu la mettes en pratique. Deut 30/11.14 

2/ Personne n'est condamné à l'enfer

AL297. Il s’agit d’intégrer tout le monde, on doit aider chacun à trouver sa propre manière de faire partie de la communauté ecclésiale, pour qu’il se sente objet d’une miséricorde ‘‘imméritée, inconditionnelle et gratuite’’. Personne ne peut être condamné pour toujours, parce que ce n’est pas la logique de l’Évangile !

Cela revient à nier l’enfer …. Or le catéchisme en parle clairement

L'enfer dans les documents de l'Église Tout au long de l'histoire, le Magistère de l'Église a parlé de l'existence et de la nature de l'enfer. Le Symbole Quicumque (entre 430 et 500) a professé que : à la venue du Christ, tous les hommes ressusciteront avec leurs corps et rendront compte chacun de leurs actes ; ceux qui ont bien agi iront dans la vie éternelle, ceux qui ont mal agi, au feu éternel2. De même, le synode de Constantinople (543), approuvé par le pape Vigile, a repoussé la doctrine des origénistes qui enseignait la temporalité de l'enfer, et en particulier de la doctrine qui s'appelle l'apocatastasis3. Le Pape Innocent III dans sa profession de foi au IVème Concile du Latran (1215) a défini avec clarté l'éternité de l'enfer : tous ressusciteront avec leur propre corps, qu'ils ont maintenant, pour recevoir, les uns, un châtiment éternel avec le diable, les autres, une gloire éternelle avec le Christ4. Dans une lettre à Humbert d'Arles (fin 1201), il affirme encore : La peine du péché originel est la privation de la vision de Dieu; mais la peine du péché actuel est le supplice de l'enfer éternel5. Les conciles de Lyon II, de Florence, et aussi la constitution Benedictus Deus de Benoît XII disent la même chose6.  Le concile Vatican II, en reprenant à son compte les textes scripturaires, se fait l'écho de la tradition unanime de l'Église7. Le pape Paul VI a rappelé la même doctrine dans sa profession de foi. Le document sur l'eschatologie de la congrégation pour la doctrine de la foi explique cette doctrine : L'Église, fidèle au Nouveau Testament et à la Tradition croit (à la félicité des justes), qu'une peine attend pour toujours le pécheur, lequel sera privé de la vision de Dieu, et croit à la répercution d'une telle peine sur tout son être8.   (CEC 1033-1037)

3/ « Les divorcés remariés civilement qui choisissent leur situation en pleine connaissance et plein consentement de leur volonté ne sont pas en état de péché grave, et peuvent recevoir la grâce sanctifiante et grandir dans la charité »

AL 299 : « J’accueille les considérations de beaucoup de Pères synodaux, qui ont voulu signaler que ‘les baptisés divorcés et remariés civilement doivent être davantage intégrés dans les communautés chrétiennes selon les diverses façons possibles, en évitant toute occasion de scandale. La logique de l’intégration est la clef de leur accompagnement pastoral, afin que non seulement ils sachent qu’ils appartiennent au Corps du Christ qu’est l’Église, mais qu’ils puissent en avoir une joyeuse et féconde expérience. Ce sont des baptisés, ce sont des frères et des sœurs, l’Esprit Saint déverse en eux des dons et des charismes pour le bien de tous. … Non seulement ils ne doivent pas se sentir excommuniés, mais ils peuvent vivre et mûrir comme membres vivants de l’Église, la sentant comme une mère qui les accueille toujours, qui s’occupe d’eux avec beaucoup d’affection et qui les encourage sur le chemin de la vie et de l’Évangile. »

Cela revient à nier le péché de base qui est l’adultère et à faire fi de la parole de l’évangile

Mc 10, 11-12 : « Quiconque renvoie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère à l’égard de celle-là. Et si une femme renvoie son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère. »

4/ « Un croyant catholique peut avoir pleine connaissance d’une loi divine et choisir volontairement de la transgresser dans une affaire grave, mais ne pas être en état de péché mortel à la suite de cette action. »

AL 301 : « Par conséquent, il n’est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite ‘irrégulière’ vivent dans une situation de péché mortel, privés de la grâce sanctifiante. Les limites n’ont pas à voir uniquement avec une éventuelle méconnaissance de la norme. Un sujet, même connaissant bien la norme, peut avoir une grande difficulté à saisir les ‘valeurs comprises dans la norme’ ou peut se trouver dans des conditions concrètes qui ne lui permettent pas d’agir différemment et de prendre d’autres décisions sans une nouvelle faute.»

Or l’Eglise affirme

Concile de Trente, session 6, can. 20 : « Si quelqu'un dit que l'homme justifié, aussi parfait qu'il soit, n'est pas tenu d'observer les commandements de Dieu et de l'Église, mais seulement de croire, comme si l'Évangile était une pure et simple promesse de la vie éternelle sans la condition d'observer les commandements, qu'il soit anathème. » (DH 1570)

Ainsi que l’évangile

25] Que sert donc à l'homme de gagner le monde entier, s'il se perd ou se ruine lui-même ? [26] Car celui qui aura rougi de moi et de mes paroles, de celui-là le Fils de l'homme rougira, lorsqu'il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges. Luc 9/25.26

5/ « La conscience peut « vraiment juger » que les péchés sexuels explicitement condamnés par l'Évangile « peuvent parfois être moralement justes ou demandés ou commandés par Dieu »

AL 303 : « Mais cette conscience peut reconnaître non seulement qu’une situation ne répond pas objectivement aux exigences générales de l’Évangile. De même, elle peut reconnaître sincèrement et honnêtement que c’est, pour le moment, la réponse généreuse qu’on peut donner à Dieu, et découvrir avec une certaine assurance morale que cette réponse est le don de soi que Dieu lui-même demande au milieu de la complexité concrète des limitations, même si elle n’atteint pas encore pleinement l’idéal objectif. »

Question : comment un péché, ou une situation de péché, peut-il être commandé par Dieu ? La situation est due au péché commis dès le départ…. S’il n’y en ni regret ni désir de conversion comment Dieu peut-il commander cela ?

Concile de Trente, session 6, can. 21 : « Si quelqu'un dit que le Christ Jésus a été donné par Dieu aux hommes comme rédempteur, en qui se confier, et non pas aussi comme législateur à qui obéir, qu'il soit anathème. » (DH 1571)

Concile de Trente, session 24, can. 2 : « Si quelqu'un dit qu'il est permis aux chrétiens d'avoir en même temps plusieurs épouses, et que cela n'a été défendu par aucune loi divine, qu'il soit anathème. » (DH 1802)

Concile de Trente, session 24, can. 5 : « Si quelqu'un dit que le lien du mariage peut être rompu en raison de l'hérésie, ou bien d'une vie en commun insupportable, ou bien en l'absence voulue d'un conjoint, qu'il soit anathème. » (DH 1805) Concile de Trente, session 24, can. 7 : « Si quelqu'un dit que l'Église se trompe quand elle a enseigné et enseigne, conformément à l'enseignement de l'Évangile et de l'Apôtre, que le lien du mariage ne peut pas être rompu par l'adultère de l'un des époux, et que ni l'un ni l'autre, même l'innocent qui n'a pas donné motif à l'adultère, ne peut, du vivant de l'autre conjoint, contracter un autre mariage ; qu'est adultère celui qui épouse une autre femme après avoir renvoyé l'adultère et celle qui épouse un autre homme après avoir renvoyé l'adultère, qu'il soit anathème. » (DH 1807)

[26] Car si nous péchons volontairement, après avoir reçu la connaissance de la vérité, il n'y a plus de sacrifice pour les péchés.[27] Il y a, au contraire, une perspective redoutable, celle du jugement et d'un courroux de feu qui doit dévorer les rebelles. Hébreux 10/26.27

6/ « Notre Seigneur Jésus-Christ veut que l'Église abandonne sa discipline éternelle de refus de l'Eucharistie aux divorcés remariés et de refus de l'absolution aux divorcés remariés qui n'expriment pas de contrition pour leur état de vie et un ferme dessein d'amendement à son égard "

AL 308 : « Je comprends ceux qui préfèrent une pastorale plus rigide qui ne prête à aucune confusion. Mais je crois sincèrement que Jésus Christ veut une Église attentive au bien que l’Esprit répand au milieu de la fragilité : une Mère qui, en même temps qu’elle exprime clairement son enseignement objectif, ‘ne renonce pas au bien possible, même [si elle] court le risque de se salir avec la boue de la route’. »

Cela notifie que la « rigidité » de la loi ne doit plus être appliquée en face du péché. Ce texte est tourné vers l’accueil mais pas vers la conversion, et ne veut pas tenir compte du péché. On fait de l’humanisme mais on ne ramène pas le pécheur à l’obéissance envers Dieu. 

Et c’est là aussi aller contre la parole de Dieu et la tradition de l’Eglise

1 Cor. 11, 27.29 : « C’est pourquoi quiconque mangera ce pain ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et du sang du Seigneur. » [28 ]Que chacun donc s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe; [29]car celui qui mange et boit, mange et boit sa propre condamnation, s'il ne discerne le Corps.

Jean-Paul II, Familiaris consortio, 84 : « La réconciliation par le sacrement de pénitence - qui ouvrirait la voie au sacrement de l'Eucharistie - ne peut être accordée qu'à ceux qui se sont repentis d'avoir violé le signe de l'Alliance et de la fidélité au Christ, et sont sincèrement disposés à une forme de vie qui ne soit plus en contradiction avec l'indissolubilité du mariage. Cela implique concrètement que, lorsque l'homme et la femme ne peuvent pas, pour de graves motifs - par l'exemple l'éducation des enfants -, remplir l'obligation de la séparation, ‘ils prennent l'engagement de vivre en complète continence, c'est-à-dire en s'abstenant des actes réservés aux époux’. »

 

En conclusion

 On peut noter qu’un des problèmes d’Amoris lætitia est de chercher à mettre en place une pensée pastorale en occultant le fait que la pastorale se fait à partir d’un bien et non d’un péché.  Evacuer la base du péché déforme tout le raisonnement et aboutira fatalement à une mauvaise pastorale. Certes on pourra accueillir, mais pas conduire au salut. Or n’est-ce pas là la fonction première de l’Eglise… et de la pastorale ?

 

Myriam de Gemma

 

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.