PASSION / être configuré au Christ

 

 Introduction

Nous avons tous lu ou entendu le récit de la Passion du Christ. Mais comment recevons-nous ce récit ? Y découvrons-nous vraiment ce qu’a été la Passion de Jésus ? Pourquoi l’a-t-il vécue ? Comment l’a-t-il vécue ?    .Et aussi quelles sont les conséquences de la Passion  de Jésus dans notre vie personnelle ?

Le terme « Passion »

Quand on parle de la Passion, on voit généralement l’arrestation de Jésus et sa mort, mais en fait cela est plus large. Les faits même de la Passion commencent avec l’institution de l’Eucharistie, c'est-à-dire la cène, mais pour Jésus elle a commencé bien plutôt, en son cœur, car il savait ce qui allait arriver. Il en a informé ses disciples. Il a donc vécu tout son ministère avec cet horizon devant lui, donc avec cette profonde adhésion de cœur à cette  échéance.

On arrête souvent aussi, la Passion de Jésus à sa mort … il a enfin fini de souffrir ! Mais ce n’est là que le regard humain. Par Passion il faut voir la mort et la résurrection du Christ. Car sa mort n’aurait aucun sens, aucune force s’il n’était pas ressuscité. Jésus lui-même a toujours annoncé sa mort et sa résurrection. C’est un tout, et de même que l’on ne peut pas voir la résurrection sans voir la mort et le chemin qui y a conduit, de même on ne peut pas voir la mort sans la résurrection.

Ceci est capital tant pour bien comprendre ce qu’a vécu Jésus que pour comprendre ce que cela va entrainer dans notre vie.

Un petit rappel sur l’identité et la vie de Jésus

Pour bien comprendre la Passion de Jésus il faut se rappeler qui il est.

Jésus est fils de Dieu et de Marie. C’est ce que nous avons fêté à Noël. En chantant «  un sauveur nous est né » ! Il est donc à la fois pleinement homme et pleinement Dieu. Ce n’est pourtant pas un « superman » semblable à nos héros de cinéma. Les miracles qu’il accomplit il ne les fait pas de lui-même suivant son désir personnel, suivant son humeur, mais toujours dans l’union et l’obéissance à son Père. La force de Jésus réside en son union au Père. Il se fait humble, dépendant et obéissant en son humanité. Jésus est un fils aimant, un fils priant, un fils obéissant. Le cœur de Jésus bat à l’unisson avec l’amour du Père, et l’amour de Dieu est don total, l’amour de Dieu est miséricorde. Dieu aime sa création, Dieu aime les âmes qu’il a créées et il veut qu’elles vivent éternellement avec lui. Seulement les âmes dans leur liberté ne savent pas toujours vivre dans cet amour de Dieu, et le péché les coupe de Dieu  et donc de la vie éternelle. Le désir de Jésus est le même que celui de son Père, il désire le salut des âmes ! Pour ce faire, il se donnera totalement, jusqu’à la mort. Non pas la mort pour la mort, mais l’amour dans la mort afin que cette mort devienne vie.

Il sait que sa mission en ce monde est de sauver les âmes. Durant les trois ans qu’a duré sa vie missionnaire, il n’a jamais cherché à faire une révolution sociale ou politique, mais il est toujours allé au devant des gens pour toucher leur cœur et les ouvrir à l’amour de Dieu. Tout l’évangile nous raconte cela.

Jésus a annoncé sa Passion

Jésus, dans les évangiles a annoncé par trois fois sa Passion.

Première annonce de la Passion : Marc 8/31.33 ( Luc 9/22 Matthieu 16/21.23)

Et il commença de leur enseigner : "Le Fils de l'homme doit beaucoup souffrir, être rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, être tué et, après trois jours, ressusciter ;32  et c'est ouvertement qu'il disait ces choses. Pierre, le tirant à lui, se mit à le morigéner.33  Mais lui, se retournant et voyant ses disciples, admonesta Pierre et dit : "Passe derrière moi, Satan ! Car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes !

Deuxième annonce de la Passion  Marc 8/30.32 (Luc 9/43.45 Matthieu 17/22.23)

Etant partis de là, ils faisaient route à travers la Galilée et il ne voulait pas qu'on le sût.31  Car il instruisait ses disciples et il leur disait : "Le Fils de l'homme est livré aux mains des hommes et ils le tueront, et quand il aura été tué, après trois jours il ressuscitera."32  Mais ils ne comprenaient pas cette parole et ils craignaient de l'interroger.

Troisième annonce de la Passion  Marc 10/32.34 (Luc 18/31.33 Matthieu 20/17.19)

Prenant de nouveau les Douze avec lui, il se mit à leur dire ce qui allait lui arriver :33  "Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort et le livreront aux païens,34  ils le bafoueront, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront, et après trois jours il ressuscitera.

Si j’ai pris le temps de noter ces trois annonces c’est pour bien montrer à quel point Jésus savait ce qui l’attendait, c’est pour que nous comprenions bien la force de son oui. Jésus connait bien le cœur humain, il en connait toute la misère et c’est par amour pour cette humanité si faible, si pécheresse, qu’il accepte de donner sa vie. Pour bien comprendre la Passion, il ne faut jamais perdre cela de vue : Jésus est amour, et c’est volontairement dans l’amour qu’il s’offre à souffrir, à mourir et à ressusciter pour que nous ayons en lui la vie éternelle.

Le Père lui même confirme son appel, sa volonté. 

Dans l’évangile, nous voyons trois interventions du Père : la première au baptême de Jean Baptiste, la seconde lors de la transfiguration et enfin la troisième, juste avant la célébration de la Pâque à Jérusalem. 

Jean 12/27.33

Maintenant mon âme est troublée. Et que dire ? Père, sauve-moi de cette heure ! Mais c'est pour cela que je suis venu à cette heure.28  Père, glorifie ton nom ! " Du ciel vint alors une voix : "Je l'ai glorifié et de nouveau je le glorifierai."29  La foule qui se tenait là et qui avait entendu, disait qu'il y avait eu un coup de tonnerre ; d'autres disaient : "Un ange lui a parlé."30  Jésus reprit : "Ce n'est pas pour moi qu'il y a eu cette voix, mais pour vous.31  C'est maintenant le jugement de ce monde ; maintenant le Prince de ce monde va être jeté dehors ;32  et moi, une fois élevé de terre, j'attirerai tous les hommes à moi."33  Il signifiait par là de quelle mort il allait mourir.

La gloire dont le Père parle ici est l’annonce même de la Passion et donc de toute la souffrance, de la mort et de la résurrection de Jésus.  Il faut vraiment que le Père nous aime pour envoyer son Fils vivre tout cela au milieu de nous !

C’est là aussi une donnée qu’il ne faut pas perdre de vue tout au long de la Passion. C’est l’amour du Père qui est à l’œuvre au travers même de la Passion de Jésus !

La Passion est œuvre d’amour ! Maintenant que ceci est bien défini, prenons le temps de contempler Jésus lui-même en sa Passion :

La cène

En Luc 22/ 14.21  nous lisons ceci :

Lorsque l'heure fut venue, il se mit à table, et les apôtres avec lui.15  Et il leur dit : "J'ai ardemment désiré manger cette pâque avec vous avant de souffrir ;16  car je vous le dis, jamais plus je ne la mangerai jusqu'à ce qu'elle s'accomplisse dans le Royaume de Dieu."17  Puis, ayant reçu une coupe, il rendit grâces et dit : "Prenez ceci et partagez entre vous ;18  car, je vous le dis, je ne boirai plus désormais du produit de la vigne jusqu'à ce que le Royaume de Dieu soit venu."19  Puis, prenant du pain, il rendit grâces, le rompit et le leur donna, en disant : "Ceci est mon corps, donné pour vous ; faites cela en mémoire de moi."20  Il fit de même pour la coupe après le repas, disant : "Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, versé pour vous.21  "Cependant, voici que la main de celui qui me livre est avec moi sur la table.

Dans ce passage, nous voyons le grand désir de Jésus de partager cette Pâque avec ses apôtres. A cet instant précis, il devient l’Agneau Immolé ! Toute la Passion sera la concrétisation de cette offrande de lui aux hommes et au Père. (Rappelons-nous que Jésus ne fait rien en dehors du Père !) C’est une rencontre d’amour ultime avec les apôtres, avec tous les apôtres. Même Judas est là, qui partage ce pain et cette coupe avec son Seigneur. Jésus sait pourtant bien que Judas va le trahir, mais il est venu pour tous les pécheurs. Jésus ne se refuse à personne. Il s’offre, le pécheur lui, peut accepter ou refuser d’entrer dans cette offrande. Judas est resté sur sa pensée personnelle, il n’a pas su rentrer dans ce cadeau d’amour de Jésus, et nous le savons, il va trahir Jésus.    Jésus nous montre là, le chemin de l’amour inconditionnel !

Gethsémani

Il sortit et se rendit, comme de coutume, au mont des Oliviers, et les disciples aussi le suivirent.40  Parvenu en ce lieu, il leur dit : "Priez, pour ne pas entrer en tentation."41  Puis il s'éloigna d'eux d'environ un jet de pierre et, fléchissant les genoux, il priait en disant :42  "Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse ! "43  Alors lui apparut, venant du ciel, un ange qui le réconfortait.44  Entré en agonie, il priait de façon plus instante, et sa sueur devint comme de grosses gouttes de sang qui tombaient à terre.45  Se relevant de sa prière, il vint vers les disciples qu'il trouva endormis de tristesse,46  et il leur dit : "Qu'avez-vous à dormir ? Relevez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. Luc 22/ 39.46  (Mt 26/36.46 Mc 14/32.42)

Par l’offrande de son Corps et de son Sang au cours du repas, Jésus a dit oui à la volonté du Père, maintenant l’heure est là et il lui faut entrer en cette heure d’épreuve, Il sait bien tout ce qui l’attend, il a peur de toute cette souffrance à venir. C’est que Jésus est pleinement homme, et il aborde cette épreuve par la prière.  Son cœur dit oui, même si son corps lui, a envie de fuir, alors il se soumet à la volonté du Père. Il le fait non par obligation, comme on peut le faire avec une sanction pénale, mais bien par amour, amour du Père et amour des âmes. Il sait que son épreuve est la voie du salut éternel pour les âmes. Les apôtres ne réalisent pas ce qui se passe ! Comment le pourraient-ils ? De plus ils sont fatigués, épuisés … et Jésus dans sa souffrance se retrouve seul, à vivre cette heure d’angoisse. Cependant dans la prière il va trouver la force nécessaire pour se lever et faire face à l’arrivée des gardes.

L’arrestation et le procès

Luc 22/47.23/25 Matthieu 26/47.27/26 Marc 14/43 15/15

Ce passage de la Passion est trop long pour le transcrire et le lire totalement ici, je n’en soulignerai donc que quelques points, Vous l’avez déjà entendu le dimanche des rameaux et vous allez encore l’entendre aujourd’hui lors de la célébration de la Passion, sans oublier le chemin de croix.

Judas livre Jésus par un baiser  … Jésus le laisse faire,  Il le met en face de son acte, mais ne le maudit pas pour autant, il ne se met pas en colère contre lui. Il lui dit simplement du fond de la souffrance de son cœur : «  Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme »

Ensuite Jésus est amené sans ménagement devant Anne où un garde le gifle, puis devant Caïphe où il va être frappé, où on va lui craché dessus  et où la décision est prise de le condamner à mort. Mais comme les juifs ne peuvent appliquer eux-mêmes, légalement, cette sentence, cause de la loi romaine, ils ne vont pas hésiter à faire comparaitre Jésus devant le pouvoir envahisseur du pays c'est-à-dire devant Pilate.

Pilate qui ne sait qu’en faire, l’envoie chez Hérode... où là aussi on se moque de Lui avant de le renvoyer à Pilate. Dès lors Pilate doit prendre une décision, Il commence par le faire flageller…  dut alors subir toute la violence des romains et la dérision suprême du couronnement d’épines …. L’humiliation liée à la souffrance indicible  Savez-vous ce que cela fait lorsque l’on vous enfonce une couronne, ou plus exactement un casque d’épines sur la tête ? La douleur est tellement intense que votre vue se brouille, votre esprit n’analyse plus rien. Vous entrez littéralement dans la nuit. Là, a commencé pour Jésus ce sentiment de l’abandon de Dieu, sentiment qui va aller en s’agrandissant jusqu’au moment de la mort. Les migraines que nous pouvons avoir, aussi fortes soient-elles ne sont rien à côté de cela.

Une fois flagellé, Jésus est renvoyé devant Pilate, et devant la foule …Pilate ne veut pas condamner Jésus mais face à la demande virulente des prêtres et à l’hostilité de la foule il y est contraint, il cède donc et essaie de se déculpabiliser en se lavant les mains …  Jésus, lui au milieu de tout cela, se tait ; il est, ainsi que l’écrit Isaïe : l’agneau immolé, 

Yahvé a fait retomber sur lui nos fautes à tous.7  Maltraité, il s'humiliait, il n'ouvrait pas la bouche, comme l'agneau qui se laisse mener à l'abattoir, comme devant les tondeurs une brebis muette, il n'ouvrait pas la bouche. Isaïe 53/6.7

L’agneau qui se tait alors même qu’on l’emmène à l’abattoir

Certes le mot est fort ; mais il décrit fort bien la réalité de la Passion. Je ne souligne pas tout ce dénie de justice, toute cette violence, et le silence de Jésus, pour faire du sentimentalisme à bon marché, mais pour souligner toute la force d’amour qu’il a fallu au Christ pour parcourir un tel chemin... Et ce chemin, Il l’a parcouru pour le salut de l’humanité, c'est-à-dire pour son peuple qui le condamnait, pour les romains qui le crucifiaient, mais aussi pour tous les pécheurs : pour ceux du passé, mais aussi pour ceux de l’avenir … pour nous, pour chacun de nous !  En effet, par notre péché, nous faisons tous, pour le moins, partie de cette foule qui se montre si hostile !

Le chemin du calvaire

La condamnation a été prononcée, et Jésus est livré à ses bourreaux pour être crucifié. Le lieu du crucifiement est à l’extérieur de la ville, cela implique un long chemin à faire !  De plus il va devoir porter lui même sa croix. ; Cette croix n’était pas légère, il allait lui falloir pourtant parcourir cette distance. Cela aurait déjà été difficile pour un homme en bonne condition physique, mais Jésus lui, avait été arrêté la veille au soir, maltraité flagellé, n’ayant pu dormir, n’ayant rien mangé... C’est donc souffrant, blessé et épuisé, qu’il doit faire ce chemin au milieu d’une foule hostile …. Le chemin fut long et douloureux pour Jésus, même si Simon de Cyrène l’a aidé à porter cette lourde croix. Jésus n’a pas fait semblant d’aimer les hommes, il les a aimé jusqu’au bout ! Un pas après l’autre, il s’est avancé vers sa mort !  Il aurait pu se laisser tomber et refuser de se relever, mais non, il a été jusqu’au bout ! C’est que l’amour de Jésus rime avec don total, fidélité, courage et persévérance. Autant de qualités qu’il nous faut oser contempler, en ces heures de sa Passion, pour apprendre à aimer comme Lui !

La mise en croix la mort

Jésus est maintenant arrivé au lieu de sa condamnation. On lui enlève ses vêtements, on le cloue sur la croix et on l’expose ainsi à la foule qui se moque de lui. Souffrance physique, souffrance morale, humiliation ; Jésus n’échappe à rien de tout cela. Il faut bien en avoir conscience pour oser le contempler réellement dans son offrande en dépassant le regard distrait que nous portons parfois sur nos « beaux crucifix ».  Cependant, contempler le christ souffrant n’est pas se complaire dans un dolorisme à bon marché ! Ce sentimentalisme là, face à la souffrance, n’entraine aucune conversion d’amour et se trouve donc stérile. Comment dépasser cela ? Il faut entendre les paroles de Jésus sur la croix. Prenons le temps de nous tenir intérieurement au pied de la croix et écoutons-le avec notre cœur.

Alors même qu’on le crucifie, il dit : «  Père pardonne leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » Luc 23/34

Jésus vient d’être dénudé et cloué sur la croix ; la douleur physique est insupportable ! Et que fait-il ? Il ne fulmine pas contre ses bourreaux, ni contre ces gens qui le rejettent. Il ne se lamente pas non plus sur lui-même. Il prie son Père de pardonner l’offense …. Il intercède pour ses bourreaux !

Ensuite alors que les gens se moquent de lui, et que le « bon larron » fait acte de foi il répond : 

«  Amen je te le dis, aujourd’hui même tu seras avec moi dans le paradis » Luc 23/43

C’est donc un voleur, condamné à la mort lui aussi, qui fait un acte de vérité sur son propre état (pour nous c’est justice nous payons pour nos actes) et en même temps un acte de foi en Jésus (Lui n’a rien fait de mal …)… Jésus, qui a passé toute sa mission à pardonner, lui ouvre les portes du paradis ! Il ne lui fait pas de morale, il l’assure de la vie éternelle !

Jésus voyant Jean et Marie,  dit à sa mère : "Femme, voici ton fils."27  Puis il dit au disciple : "Voici ta mère." Dès cette heure-là, le disciple l'accueillit comme sienne. Jean 19/25.27

Nous connaissons tous cette scène, cependant aujourd’hui contemplons la douleur concrète de Marie, et l’acte d’amour que Jésus fait envers elle. Il lui donne un avenir humain, sous la protection de Jean. Marie alors ne percute pas en cet instant précis, toute la portée que cela aura dans l’Église ensuite. Là encore Jésus a souci des autres et pas de lui-même.

Vers la neuvième heure Jésus s’écria : « "Eli, Eli, lema sabbachthani", c'est-à-dire : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » Matthieu 27/46  (rappel du Ps 22/2     )

Il ne faudrait pas croire que Jésus a douté de son Père.  Cette phrase rappelle le psaume 22 qui est un psaume de confiance et d’abandon à Dieu, au sein même de la détresse.  Que Jésus en effet ressente la solitude dans la souffrance est une chose, mais qu’il doute de son Père en est une autre. Jésus ne doute pas de son Père, il s’en remet au contraire à lui au sein même de sa Passion.

Après quoi, sachant que désormais tout était achevé pour que l'Ecriture fût parfaitement accomplie, Jésus dit : "J'ai soif." Jean 19/28 (rappel du psaume 69/22 : Pour nourriture ils m'ont donné du poison, dans ma soif ils m'abreuvaient de vinaigre)

Jésus est mourant, la vie s’échappe de son corps, et physiquement il a soif, ceci est une réalité physique, mais il exprime par la aussi une soif autrement plus grande, celle de l’amour de Dieu et des hommes. Il cite là encore les écritures marquant par là une adhésion à la volonté du père, une acceptation de la décision des hommes. .

Un vase était là, rempli de vinaigre. On mit autour d'une branche d'hysope une éponge imbibée de vinaigre et on l'approcha de sa bouche.30  Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : "C'est achevé" et, inclinant la tête, …. Jean 19/29.30

Jetant un grand cri, Jésus dit : "Père, en tes mains je remets mon esprit." Luc 23/46 (rappel du psaume 31/6)

Jésus est allé au bout de sa mission, au bout de son offrande d’amour. Maintenant que tout est accompli, il ne dit pas « ouf c’est fini », mais bien : « Père ta volonté est faite, c’est entre tes mains que je remets mon esprit ». Jusqu’au dernier moment Jésus est dans l’amour du Père dans l’obéissance au Père !

Par sa mort, Jésus nous a signé un chèque en blanc. il nous offre tout le crédit dont nous avons besoin pour vivre dans la communion à Dieu… mais il nous reste à nous de savoir reconnaitre ce don  sans limite, il nous reste surtout à bien l’utiliser, à bien en vivre.

La résurrection

Cependant ce don de sa vie aurait été vain, s’il n’y avait pas eu la résurrection. Beaucoup d’hommes sont morts pour en sauver d’autres mais ils n’ont pas ouvert pour autant les portes de la vie éternelle. Si Jésus a pu faire cela, c’est qu’il était Fils de Dieu, Dieu offert pour l’humanité ! La Cène nous ouvrait à cette réalité, la résurrection nous le confirme. Nul homme n’est revenu de la mort pour nous dire : « vous êtes sauvés ! » Jésus le fait ; et quand il apparait à Marie Madeleine, puis aux 12, puis à plus de 500 personnes, ce n’est pas en un corps humain périssable, mais en un corps ressuscité c'est-à-dire un corps qui a des capacités hors des simples capacités humaines. Certes on, le voit manger comme tout le monde, mais on le voit aussi apparaitre dans une pièce fermée …  C’est que Jésus ne s’est pas réincarné, il est ressuscité !

 Par sa résurrection, il nous prouve que la vie éternelle existe, qu’il y a un « au-delà de vivant «  après la mort !  Que nous faut-il donc à nous aujourd’hui pour recevoir cette vie éternelle en Jésus ?

Et nous ???

Il nous faut la foi, et cette foi nous l’exprimons clairement en demandant le baptême. Par le baptême, nous sommes plongés dans la mort et la résurrection du Christ et nous devenons enfants de Dieu héritier de Dieu !  Etre enfant et héritier, c’est faire partie de la famille, c’est mener la vie de cette famille, c’est vivre dans l’obéissance au Père et dans l’amour fraternel ! Obéir au Père, c’est croire a la parole de Dieu c'est-à-dire accepter la bible en son entier et s’efforcer d’y conformer notre vie.

Vivre dans l’amour fraternel : c’est vivre de l’amour du Christ pour les hommes, c’est donc conformer notre vie à la sienne, conformer notre cœur à son cœur, car il est venu en notre monde pour nous montrer le chemin  et nous en donner aussi la force. Son premier commandement n’est-il pas : aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés » et en asa passion il nous a vraiment aimés jusqu’au bout. Par sa résurrection, Jésus  vit encore au milieu de nous, non comme un pieux souvenir, mais réellement comme un vivant !

L’eucharistie nous ouvre à cette vie d’amour avec Jésus. L’hostie ce n’est pas quelque chose, c’est quelqu’un, c’est le Christ mort et ressuscité pour moi ! Lorsque le prêtre consacre le pain et le vin c’est vraiment Jésus présent sur l’autel ! L’eucharistie est l’actualisation de la mort et de la résurrection du Christ elle est actualisation de la Passion d’amour du Christ pour chacun de nous personnellement. L’Agneau de Dieu, l’Agneau Immolé est là présent devant nous ! … comment alors ne pas l’adorer ? Comment ne pas lui rendre grâce, comment ne pas le remercier et nous offrir nous aussi à lui, en réponse à son amour ?

Communier n’est donc pas un acte anodin, que je peux faire par routine. Communier c’est entrer dans une réelle union d’amour avec le Christ.

 Etre enfant de Dieu, être frère du Christ, c’est être configuré au Christ en son don d’amour pour nous personnellement. Le Christ nous a montré le chemin, nous ne pouvons être frère et sœur du Christ sans vivre de sa vie.

 Le Christ a toujours été humble, il n’a jamais cherché la gloire humaine.

 Il a mené une vie simple, loin des fastes et des richesses de ce monde. La pauvreté a été son milieu de vie. Je dis pauvreté et non pas misère. La pauvreté c’est l’abandon de tout ce qui n’est pas nécessaire, vital, en notre vie ; non par idéologie humaine, mais afin de pouvoir ouvrir librement notre cœur à l’appel de Dieu

 Le Christ a toujours été obéissant, il n’a jamais rien fait en dehors de la volonté de son Père. Comment connaissait-il la volonté de son Père ? Dans la prière! Non pas une prière faite de mots, mais une réelle prière du cœur, qui lui fit dire : « Ta volonté Père et non pas la mienne. » C’est que Jésus n’a jamais pensé que le Père était à son service, mais que c’était bien lui, qui était au service du Père en notre monde, pour notre salut. Aujourd’hui nous avons bien souvent tendance à demander à Dieu de faire ce que nous désirons, ce que nous voulons … je veux du travail, je veux telle ou telle chose, je veux guérir, etc. ... Mais nous oublions bien souvent de dire aussi : « Père, ce que toi tu décideras sera le mieux pour moi ! Je te fais confiance ! »

Jésus savait tout accepter avec amour de la main du Père, les joies comme les peines.  En sa Passion il nous le prouve. Il prend sa croix et avance résolument dans la foi et l’offrande de lui-même. Il nous appelle aussi a vivre cela «Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive» Marc 8/34  C’est donc ce que nous avons à faire, lorsque les épreuves nous atteignent ! il ne s’agit pas de subir, mais de vivre dans l’amour de Dieu au sein de notre épreuve, en croyant fermement que tout ce que Dieu fait est bien fait, et que de tout mal il peut en sortir du bien, de même que dans la mort de son Fils, il a fait ressortir la vie éternelle pour l’humanité. Lors de la mort du Christ, Le mal, et le péché ont apparemment gagné, mais en fait la vie, et la vie en Dieu a été plus forte. La résurrection en est le grand signe ! Cela demande la foi, et la persévérance, il nous faut demander sans cesse ces grâces là car nous sommes bien faibles en notre corps, en notre esprit, pour vivre seuls les épreuves de nos vies.

Jésus aussi n’était jamais centré sur lui, mais toujours tourné vers les autres. Cela ne veut pas dire qu’il se négligeait, il prenait bien le temps de manger et de dormir. Il savait se retirer à l’écart pour prier et retrouver des forces dans l’amour de son Père, mais il ne se dorlotait pas ! Il servait sans aucune attente d’être servi et encore moins d’être adulé ou mis sur un piédestal ! Il ne pouvait empêcher les gens de vouloir le porter aux nues, de vouloir en faire un roi, mais lui gardait la tête froide, et dans l’humilité de son cœur il n’était que service !  Ses paroles sur la croix nous révèlent cela !

Il était aussi pardon. Pardon, au nom du Père certes, comme lorsqu’il pardonne ses péchés au paralytique, ou lorsqu’il renvoie la femme adultère en lui disant «  moi non plus je ne te condamne pas, va et ne pêche plus ». Mais il est pardon aussi envers ceux qui l’atteignent en sa propre chair ! La miséricorde du Christ est totale et sans aucune restriction. C’est le chemin qu’il nous demande de suivre. C’est la pièce de base de toute vie chrétienne. On ne peut être configuré au Christ c'est-à-dire être ressemblant au Christ, image du Christ en notre monde,  si on ne sait pas pardonner, si on refuse de pardonner. Le refus de pardon, c’est le refus de l’amour ; le refus de pardon c’est se centrer sur soi même et non sur les autres.  Le pardon est tellement important que Jésus l’enseignera dans Sa prière  « Père pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés » ; c’est que si nous ne pardonnons pas, nous ne pouvons nous livrer au Père pour l’amour des autres, nous sommes tellement replier sur notre pito !

Etre configuré au Christ c’est, au cœur de la vie qui est la nôtre de nous livrer totalement dans l’amour, pour la gloire de Dieu, pour le salut des âmes. Ce fut la mission de Jésus et c’est celle de tout chrétien. C’est la nôtre.

Pour cela Jésus montrer le chemin, il nous a offert sa vie, sa mort, sa résurrection, et en l’Eglise il nous a laissé les sacrements :

le baptême par lequel nous devenons enfant de Dieu, héritier du Christ,

la confirmation par lequel l’Esprit Saint fait de nous de véritables témoins d’amour

et puis il y a particulièrement l’Eucharistie et la confession, par lesquels Jésus se rend vivant en nous ….et nous vivants en Lui !

 La Passion c’est l’Amour opposé à la méchanceté humaine, à la haine.  Etre disciple du Christ crucifié et ressuscité, c’est être amour  au cœur de notre monde, là où nous vivons, dans les conditions qui sont les nôtres.

Pour grandir dans ce chemin d’amour,

il faut savoir prier Jésus avec le cœur et non seulement des lèvres,

il faut savoir regarder nos journées, chaque soir, devant Jésus et avec Jésus, non pour définir nos performances, notre productivité, mais  regarder comment nous avons aimé tout au long de notre journée,

il faut  savoir demander pardon pour nos manques d’amour et demander la grâce de grandir dans un amour vrai et concret … pour le lendemain. ! 

En ces fêtes de Pâques, puissions-nous, contempler Jésus qui se livre pour nous et nous laisser toucher en profondeur par son amour afin de devenir toujours plus des « Vivants en Lui » au sein de notre monde. 

 

Références

 

Première annonce de la Passion : Marc 8/31.33 (Luc 9/22 Matthieu 16/21.23)

Deuxième annonce de la Passion  Marc 8/30.32 (Luc 9/43.45 Matthieu 17/22.23)

Troisième annonce de la Passion  Marc 10/32.34 (Luc 18/31.33 Matthieu 20/17.19)

Parole du Père  Jean 12/27.33

La Cène  Luc 22/ 14.21 

Gethsémani Luc 22/ 39.46  (Matthieu 26/36.46 Marc 14/32.42)

L’arrestation et le procès Luc 22/47.23/25 (Matthieu 26/47.27/26 Marc 14/43 15/15)

Les paroles de Jésus

«  Père pardonne leur car ils ne savent as ce qu’ils font » Luc 23/34t

«   Amen je te le dis, aujourd’hui même tu seras avec moi dans le paradis » Luc 23/43

Or près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala.26  Jésus donc voyant sa mère et, se tenant près d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : "Femme, voici ton fils."27  Puis il dit au disciple : "Voici ta mère." Dès cette heure-là, le disciple l'accueillit comme sienne. Jean 19/25.27

« "Eli, Eli, lema sabbachthani", c'est-à-dire : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » Matthieu 27/46 

Après quoi, sachant que désormais tout était achevé pour que l'Ecriture fût parfaitement accomplie, Jésus dit : "J'ai soif." Jean 19/28 (rappel du psaume 69/22)

Un vase était là, rempli de vinaigre. On mit autour d'une branche d'hysope une éponge imbibée de vinaigre et on l'approcha de sa bouche.30  Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : "C'est achevé" et, inclinant la tête, …. Jean 19/29.30

Jetant un grand cri, Jésus dit : "Père, en tes mains je remets mon esprit." Luc 23/46 (rappel du psaume 31/6)

 Quelques points pour être configuré au Christ = vivre du même amour que le Christ

Reconnaitre son amour pour nous personnellement  et désirer répondre concrètement à son amour

Ecouter la parole de Dieu et la mettre en pratique, non par obligation ou par orgueil d’être bien devant les autres, mais vraiment par amour de Dieu

Accepter toutes les épreuves de la vie avec confiance et foi : «  Père que ta volonté soit faite. »

Certes si je suis malade je peux demander la prière de guérison, si je suis dans les difficultés je peux demander l’aide de Dieu  mais je ne dois jamais oublier que ce n’est pas Dieu qui est mon service mais bien moi au sien. Jésus n’a jamais fait que la volonté de son Père

Aimer les autres dans le service  concret, mais aussi dans le pardon  sans aucune restriction !

Etre disciple du Christ, c’est vivre les sacrements que le Christ nous offre par l’Eglise : particulièrement l’Eucharistie et la confession

Myriam de Gemma