Chapitre vingt-cinquième — Du sacrement de l’Extrême-Onction

Lorsque les saints Oracles des Ecritures nous disent [1]: « Dans toutes vos actions, souvenez-vous de vos fins dernières, et jamais vous ne pécherez », ils avertissent assez les Pasteurs de ne laisser échapper aucune occasion d’exhorter les Fidèles à méditer sans cesse sur la mort. Et comme l’Extrême-Onction rappelle nécessairement la pensée de notre dernier jour, il est facile de comprendre qu’il y a lieu de parler souvent de ce Sacrement, non seulement parce qu’il est très convenable de faire connaître et d’expliquer les Mystères qui ont rapport au salut, mais encore parce que les Fidèles en se souvenant que c’est pour tous une nécessité de mourir, s’appliqueront à réprimer leurs passions déréglées. Dés lors la pensée, et l’attente de la mort les troublera beaucoup moins. Et même ils rendront à Dieu d’immortelles actions de grâces de ce que, après nous avoir ouvert par le sacrement du Baptême l’entrée dans la vie véritable, il a bien voulu instituer encore le sacrement de l’Extrême-Onction, afin qu’en sortant de cette vie périssable nous eussions un chemin plus facile et plus sûr pour aller au ciel.

  • I. — DE L’EXTRÊME-ONCTION eT DE LA nATURE DU SACREMENT DE L’EXTRÊME-ONCTION.

Afin d’exposer à peu près dans le même ordre que nous avons suivi pour les autres Sacrements ce qu’il y a de plus nécessaire à expliquer ici, nous disons d’abord que ce sacrement est appelé extrême-Onction, parce que de toutes les Onctions saintes qui ont été prescrites par Notre-Seigneur Jésus-Christ à son Eglise, c’est celle qui s’administre la dernière. C’est pourquoi nos pères dans la Foi donnaient encore à ce Sacrement le nom d’Onction des Malades et de Sacrement des Mourants. Et ces paroles sont bien propres à rappeler aux Fidèles la pensée de leurs derniers moments.

Mais il faut montrer, en premier lieu, que l’Extrême-Onction est un véritable Sacrement. Et il ne peut y avoir aucun doute sur ce point, si l’on veut faire attention aux paroles dont l’Apôtre Saint Jacques s’est servi pour promulguer la loi de ce Sacrement [2]: « Si quelqu’un est malade parmi vous, dit-il, qu’il fasse venir les Prêtres de l’Eglise, et qu’ils prient sur lui en l’oignant d’huile au nom du Seigneur ; et la prière de la Foi sauvera le malade: et le Seigneur le soulagera ; et s’il a des péchés, ces péchés lui seront remis. » Puisque, suivant l’Apôtre, les péchés sont remis par cette Onction, elle a donc la nature et la vertu d’un Sacrement. telle a toujours été d’ailleurs la Doctrine de l’Eglise catholique sur l’Extrême-Onction ; un grand nombre de Conciles en font foi. Mais celui de Trente l’a déclaré si formellement qu’il prononce l’anathème contre ceux qui auraient la témérité d’enseigner ou de penser le contraire. Le Pape Innocent Ier recommande également ce Sacrement aux Fidèles, avec beaucoup de force.

Il faut donc que les Pasteurs enseignent sans aucune hésitation que l’Extrême-Onction est un Sacrement véritable ; et de plus un seul Sacrement, quoiqu’on l’administre avec plusieurs Onctions différentes, dont chacune se fait avec des prières et une forme particulière. Ce Sacrement est un, non en ce sens que les parties qui le composent ne puissent être divisées, mais parce que ces parties contribuent chacune à sa perfection. C’est ce qui se voit dans tout ce qui est composé. Ainsi une maison est composée de beaucoup de choses et de parties différentes, mais sa perfection n’est que dans l’unité de la forme. De même le sacrement de l’Extrême-Onction renferme plusieurs choses et plusieurs paroles, et cependant ce n’est qu’un signe unique de l’unique effet qu’il a la vertu de produire.

Les Pasteurs ne manqueront pas de dire quelles sont les parties de ce Sacrement, à savoir la matière et la forme. Car l’Apôtre Saint Jacques n’a pas négligé de nous en instruire, et chacune de ces deux parties renferme des Mystères qu’il est utile de méditer.

L’élément, ou la matière de ce Sacrement, comme l’ont déclaré plusieurs Conciles, et spécialement le Concile de Trente, c’est l’huile consacrée par l’Evêque, non toute sorte d’huile en général, extraite d’une substance adipeuse, mais seulement l’huile d’olive. Cette matière exprime parfaitement les effets que la vertu de l’Extrême-Onction opère dans l’âme. De même que l’huile est très propre à adoucir les douleurs du corps, ainsi la vertu de ce Sacrement diminue la tristesse et les douleurs de l’âme. De plus l’huile rend la santé, donne la joie, et sert d’aliment à la lumière, mais surtout elle est très efficace pour renouveler les forces du corps abattu par la fatigue. Or tous ces effets représentent sensiblement ce que la puissance divine opère chez les malades par l’Extrême-Onction. — Mais en voilà assez sur la matière de ce Sacrement.

Quand à la forme qui lui est propre, elle consiste dans ces paroles et ces prières consacrées que le Prêtre prononce en faisant chacune des Onctions, et en disant: « Par cette sainte Onction que le Seigneur vous pardonne tout ce que vous avez fait de mal, par la vue, par l’odorat ou par le toucher. » Et ce qui nous indique que c’est bien là la forme propre et véritable du Sacrement dont nous parlons, ce sont ces paroles de Saint Jacques: « Et qu’ils prient sur lui, et la prière de la Foi sauvera le malade. »

En effet, ce texte nous montre que la forme doit ressembler à une Prière, quoique l’Apôtre ne nous ait pas laissé les termes mêmes dans lesquels elle doit être conçue. Mais pour ceux que nous venons d’employer, nous les avons reçus d’une tradition constante des Pères, et toutes les Eglises se servent de cette même forme qui leur vient de la sainte Eglise romaine, mère et maîtresse de toutes les autres Eglises. Quelques-uns, il est vrai, au lieu de ces mots: Que le Seigneur vous pardonne tout le mal que vous avez fait, disent: Qu’Il vous remette, ou qu’Il guérisse tout le mal que vous avez commis. Mais le sens est toujours le même ; et l’on peut dire que partout on emploie religieusement la même forme.

Et personne ne doit être surpris que dans les autres Sacrements la forme signifie d’une manière absolue ce qu’elle opère, comme lorsque nous disons: Je te baptise, ou, je te marque du signe de la Croix, ou encore qu’elle soit impérative, comme dans le sacrement de l’Ordre, où l’on dit: recevez le Pouvoir, etc., tandis que la forme seule de l’Extrême-Onction s’exprime en une Prière. Et c’est avec beaucoup de raison qu’elle a été ainsi établie. Car outre la grâce spirituelle que ce Sacrement confère, il a également pour but de rendre la santé aux malades. Cependant, comme il n’arrive pas toujours que les malades guérissent, on lui a donné pour forme une Prière, afin que par ce moyen nous obtenions de la bonté de Dieu un effet que la vertu du Sacrement ne produit pas nécessairement, ni toujours.

II y a aussi des Cérémonies particulières qui accompagnent l’administration de ce Sacrement. Ce sont, pour la plupart, des formules de prières que le Prêtre récite pour obtenir le salut du malade. Il n’y a point de Sacrement qui s’administre avec plus de prières. Et certes ce n’est pas sans motifs. Il n’est pas de moment en effet où les Fidèles aient un besoin plus grand de ce pieux secours. C’est pourquoi tous ceux qui se trouvent présents, et surtout les Pasteurs, doivent alors prier Dieu de tout leur cœur, et recommander à sa miséricorde la vie et le salut du malade avec toute la ferveur possible.

Mais puisque, comme nous venons de le démontrer, l’Extrême-Onction est un Sacrement réel et véritable, il faut en conclure qu’elle a été instituée par Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même, et que Saint Jacques plus tard n’a fait que la publier en quelque sorte, et la porter à la connaissance des Fidèles. Au surplus, notre Sauveur Lui-même semble avoir donné déjà comme une image de cette Onction, lorsqu’Il envoya devant Lui ses disciples deux à deux. L’Evangile nous dit en effet que: [3] « Etant partis, ils prêchaient la pénitence, chassaient un grand nombre de démons, oignaient d’huile beaucoup de malades et tes guérissaient. » Or cette Onction n’était certainement pas de l’invention des Apôtres ; elle était prescrite par notre Seigneur Lui-même, douée d’une vertu mystérieuse et non point naturelle, instituée enfin plutôt pour guérir les âmes que pour soulager le corps. Ainsi l’affirment Saint Denys, Saint Ambroise, Saint Jean Chrysostome et Saint Grégoire le Grand. Il n’est donc pas possible de douter que l’Extrême-Onction soit un des sept Sacrements de l’Eglise catholique, et que nous devions la recevoir avec de profonds sentiments de religion.

  • II. — QUI SONT CEUX A QUI L’EXTRÊME-ONCTION DOIT ÊTRE ADMINISTRÉE.

Il convient d’apprendre aux Fidèles qu’il y a un certain nombre de personnes auxquelles il n’est pas permis d’administrer ce Sacrement, bien qu’il ait été institué pour tous les Chrétiens sans exception. Et d’abord, on ne peut le donner à ceux qui sont en bonne santé. Les paroles de l’Apôtre Saint Jacques sont formelles: « Si quelqu’un est malade parmi vous, » etc. Mais d’un autre côté la raison elle-même nous le montre, puisque ce Sacrement a été institué pour servir de remède non seulement à l’âme mais aussi au corps. Or il n’y a que les malades qui aient besoin de remèdes ; et par conséquent on ne doit administrer ce Sacrement qu’à ceux qui sont dangereusement malades et pour lesquels on peut craindre que le dernier jour soit proche. C’est cependant une faute très grande de ne donner l’Extrême-Onction au malade qu’au moment où tout espoir de guérison est perdu, et où la vie semble déjà l’abandonner avec l’usage de sa raison et de ses sens. Car il est certain que la grâce communiquée par ce Sacrement est beaucoup plus abondante, lorsque le malade possède encore, en le recevant, sa raison pleine et entière, et qu’il peut encore exciter en lui une Foi vive et une Religion sincère. Il faut donc que les Pasteurs aient grand soin d’administrer toujours ce Remède Divin, et Si salutaire par sa propre vertu, dans le moment où ils jugeront que la piété et la Foi des malades pourront le rendre utile et plus efficace.

On ne doit pas administrer l’Extrême-Onction à celui qui n’est point attaqué d’une maladie grave, quand même il serait en danger de perdre la vie, comme, par exemple, s’il était sur le point d’entreprendre une navigation très dangereuse, s’il partait pour un combat où il devrait trouver une mort certaine, ou bien si condamné à la peine capitale il était prêt à marcher au supplice, De plus ce Sacrement ne peut être donné ni à ceux qui sont privés de l’usage de leur raison, ni aux enfants qui ne pèchent point encore. Et qui n’ont pas besoin, par conséquent, de ce moyen pour effacer les restes de leurs fautes ; ni aux insensés, ni aux furieux, à moins qu’ils n’aient des intervalles de raison, qu’ils ne témoignent alors des sentiments de piété, et qu’ils ne demandent l’Onction sainte. Car celui qui n’a jamais eu ni son esprit ni sa raison ne saurait recevoir ce Sacrement ; mais il n’en est pas de même, si le malade n’était tombé dans l’état de folie ou de fureur qu’après avoir demandé lui-même l’Extrême-Onction, lorsqu’il jouissait encore de toutes ses facultés.

On ne fait pas l’Onction sacrée sur toutes les parties du corps, mais seulement sur celles que la nature a données à l’homme pour servir d’instrument aux sens, comme sur les yeux, pour la vue, sur les oreilles, pour l’ouïe, sur les narines, pour l’odorat, sur la bouche, pour le goût et la parole, sur les mains pour le toucher qui, tout en étant répandu sur tout le corps, a néanmoins son principal organe dans cette partie. L’Eglise a adopté cette manière de donner l’Extrême-Onction, parce qu’elle est très conforme à la nature même de ce Sacrement qui s’administre comme un véritable remède. En effet dans les maladies corporelles, quoique le corps entier soit malade, on n’applique cependant le traitement que sur la partie qui est comme le siège et la source du mal. Ainsi ce n’est pas non plus le corps tout entier qui reçoit l’Onction sacrée, mais seulement les membres, qui sont les organes principaux des sensations, puis les reins comme siège de la concupiscence et de la volupté, et enfin les pieds, ces instruments naturels de nos pas et de nos démarches.

Mais il faut remarquer ici que lorsque le même danger de mort se renouvelle dans une seule et même maladie, le malade ne doit recevoir l’Onction sainte qu’une seule fois. toutefois si après l’avoir reçue, il recouvre la santé, autant de fois aussi il pourra recevoir le secours du même Sacrement. C’est assez dire que l’Extrême-Onction doit être mise évidemment au nombre des Sacrements qui peuvent se réitérer.

  • III. — DES DISPOSITIONS nÉCESSAIRES POUR RECEVOIR L’EXTRÊME-ONCTION.

Comme il faut travailler avec le plus grand soin à ce que la grâce du Sacrement ne soit point arrêtée dans son cours, comme d’autre part rien ne lui est plus contraire que le péché mortel, il faut se conformer exactement à l’usage constant de l’Eglise catholique d’administrer les sacrements de Pénitence et d’Eucharistie avant celui de l’Extrême-Onction. Ensuite les Pasteurs s’appliqueront à persuader au malade de s’offrir au Prêtre pour recevoir l’Onction sainte avec l’esprit de Foi de ceux qui se présentaient aux Apôtres pour être guéris: On doit demander d’abord et avant tout le salut de l’âme, puis la santé du corps, à la condition toutefois qu’elle tournera au profit du bonheur éternel. Les Fidèles doivent être bien persuadés d’ailleurs que Dieu est toujours prêt à exaucer ces prières solennelles et sacrées que le Prêtre lui adresse, non point en son nom propre, mais au nom de l’Eglise et de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Enfin on doit les exhorter vivement à demander eux-mêmes, avec piété et avec Foi, fonction de cette huile si salutaire, dès que le combat semble devenir plus violent, et que les forces de l’esprit et du corps commencent à leur manquer.

  • IV. — QUELS SONT LES MINISTRES DE CE SACREMENT

Quant à celui qui doit être le Ministre de l’Extrême-Onction, le même Apôtre qui a promulgué cette institution de Notre-Seigneur, nous l’apprend quand il dit: [4] « Que le malade fasse venir les Prêtres » ; et par ce mot il n’entend point les plus avancés en âge, comme l’a très bien expliqué le Concile de Trente, ni ceux qui occupent le premier rang parmi le peuple, mais les Prêtres, qui ont été légitimement ordonnés par les Evêques eux-mêmes avec l’imposition des mains. C’est donc aux Prêtres que l’administration de ce Sacrement a été confiée, non à tout Prêtre indistinctement, ainsi que l’a décrété la sainte Eglise, mais seulement au propre Pasteur qui a juridiction sur le malade, ou à un autre Prêtre autorisé par lui à exercer cette Fonction. — Mais gardons-nous d’oublier que le Prêtre, dans ce Sacrement comme dans tous les autres, agit au nom de Jésus-Christ et de la sainte Eglise son épouse.

  • V. — DES eFFETS DE L’EXTRÊME-ONCTION.

Il faut aussi développer avec beaucoup de soin les avantages que nous retirons de ce Sacrement, afin que si les Fidèles n’ont point d’autre motif pour désirer de le recevoir, ils v soient portés du moins par leur utilité personnelle, puisque telle est notre nature, que nous faisons tout dépendre de notre intérêt. Les Pasteurs enseigneront donc qu’à ce Sacrement se trouve attachée une grâce qui remet les péchés, et même directement les péchés légers ou véniels, comme on les appelle communément ; car, pour les fautes mortelles, elles sont effacées par le sacrement de Pénitence. L’Extrême-Onction n’a pas été instituée directement pour remettre ces sortes de fautes ; le Baptême et la Pénitence seuls ont la vertu de produire cet effet.

Un second avantage de l’Extrême-Onction, c’est de guérir l’âme de cette langueur et de cette infirmité qu’elle a contractées par ses péchés, et de la délivrer de tous les autres restes de ses fautes. Or le temps le plus propre pour opérer cette guérison, c’est celui d’une maladie grave où la vie est en danger. Rien n’est plus naturel à l’homme que de craindre la mort, surtout lorsqu’il se rappelle ses péchés passés, et que sa conscience les lui reproche plus vivement. « Ils se souviendront de leurs crimes en tremblant, dit l’Ecriture, et leurs iniquités se lèveront contre eux pour les accuser. » [5]

Une autre pensée, un autre souci qui tourmente encore violemment les malades, c’est que bientôt il leur faudra paraître devant le tribunal de Dieu, qui prononcera sur eux, dans sa justice infinie, la sentence qu’ils auront méritée. Souvent il arrive que, sous le coup de cette terreur, les Fidèles se troublent étrangement. Or rien n’est p:us propre à faire rentrer l’âme dans la tranquillité à l’heure de la mort, que d’éloigner d’elle toute tristesse, de lui faire attendre avec un cœur plein de joie la venue du Seigneur, et de la disposer à Lui rendre volontiers le dépôt qui lui était confié, dès qu’il le redemandera. Et précisément l’Extrême-Onction possède la vertu de délivrer les Fidèles de cette anxiété, et de remplir leurs cœur s d’une pieuse et sainte joie.

Elle nous procure en outre un autre avantage qui peut passer à bon droit pour le plus grand de tous. tant que nous vivons, l’ennemi du genre humain ne cesse de méditer notre défaite et notre ruine. Mais jamais toutefois. pour nous perdre entièrement et nous ôter s’il est possible toute espérance en la miséricorde de Dieu ; il ne redouble ses efforts avec plus d’énergie que lorsqu’il sent approcher notre dernier jour. Aussi les Fidèles sont-ils heureux, de trouver dans ce Sacrement des armes et des forces pour abattre son ardeur et son impétuosité, et pour lui résister victorieusement. Avec l’Extrême-Onction, en effet, l’espérance en la bonté de Dieu ranime et relève le courage du malade, qui se sent rassuré, et qui supporte dès lors avec plus de patience et de force les douleurs qu’il endure, de même qu’il évite plus aisément les pièges et les artifices du démon qui cherche à le perdre.

Enfin un dernier effet de l’Extrême-Onction, c’est de rétablir la santé du corps, quand cela est avantageux aux malades. Si de nos jours la guérison du corps s’obtient moins souvent, croyons bien que cela ne provient point de l’impuissance du Sacrement, mais de ce que la plupart de ceux qui reçoivent l’Extrême-Onction ou qui l’administrent ont une Foi trop faible. nous lisons dans l’Evangile que [6] Notre Seigneur fit peu de miracles parmi les siens, à cause de leur incrédulité. Au reste on peut bien dire aussi que la Religion chrétienne, depuis qu’elle a jeté dans les cœur s de plus profondes racines, a moins besoin du secours des miracles que dans le temps oh elle ne faisait que de naître. néanmoins il faut à cet égard stimuler fortement la Foi des Fidèles: et quoi qu’il plaise à Dieu d’ordonner dans sa Sagesse par rapport à la santé du corps, ils doivent conserver la ferme espérance que par la vertu de l’Huile sainte ils obtiendront la santé de l’âme, et qu’ils éprouveront, s’ils viennent à mourir, la vérité de cet oracle sacré: [7] « Heureux ceux qui meurent dans le Seigneur ! »

Nous avons exposé en peu de mots ce qui regarde l’Extrême-Onction ; mais si les Pasteurs développent chacun de nos points principaux, d’une manière plus étendue, et avec tout le zèle que le sujet demande, il est hors de doute que les Fidèles retireront de cet enseignement les avantages les plus considérables pour leur avancement dans la piété.

 

[1] Eccl., 7, 40.

[2] Jac., 5, 14.

[3] Marc., 6, 12, 13.

[4] Jac., 5, 14.

[5] Sap., 4, 20.

[6] Matth., 13, 58.

[7] Apoc., 14, 13.