PASSION / Union à la Passion

Philipiens 2/6.8

Lui de condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore ; obéissant jusqu’à la mort et à la mort sur une croix.

Identité de Jésus

Pourquoi donc Jésus, Fils de Dieu  a-t-il voulu prendre notre condition humaine et aussi  mourir sur une croix ? Il nous faut reprendre la parole de Dieu même pour y comprendre quelque chose.

Jésus est Fils de Dieu et reconnut par Dieu comme tel devant les hommes

 

Et voici qu’une voix venue des cieux disait :« Celui-ci est mon Fils bien aimé, écoutez le »
Matthieu 3/17

Ses actes mêmes montrent sa puissance divine et les gens  qui ne le connaissent qu ‘en tant qu’homme s’en étonnent.

Alors s’étant levé, il menaça les vents et la mer et il se fit alors un grand calme. Saisis d’étonnement, les hommes se dirent alors : « Quel est celui-ci, que même les vents et la mer lui obéissent ? » Matthieu 8/26.27

Comme il sortait, voici qu’on lui, présenta un démoniaque muet. Le démon fut expulsé et le muet parla. Les foules émerveillées disaient : « Jamais pareille chose n’a paru en Israël. » Matthieu 10/32.33

Jésus vint au bord de la mer de Galilée, il gravit la montagne et là il s’assit. Des foules nombreuses s’approchèrent de lui, ayant avec elles des boiteux, des estropiés, des aveugles, des muets et bien d‘autres encore ; qu’ils disposèrent à ses pieds et il les guérit. Et les foules de s’émerveiller en voyant ces muets qui parlaient, ces estropiés qui redevenaient valides, ces aveugles qui retrouvaient la vue et ils rendirent gloire à Dieu. Matthieu 15/29.31

Jésus ne fait pas que guérir les corps, il guérit aussi les cœurs et les âmes, ce qui va en surprendre beaucoup et en choquer aussi un certain nombre ! Jésus prend ici le risque de se révéler, et c’est cette révélation même qui le conduira devant le sanhédrin et sur la croix.

Et voici qu’on lui apportait un paralytique allongé sur un lit. Voyant leur foi, Jésus dit au paralytique : « Aie confiance, mon enfant, tes péchés sont remis » Et voici que quelques scribes se dirent par eux mêmes : « Celui-là blasphème ! ». Mais Jésus connaissant leurs sentiments leur dit : « ….Eh bien pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a pouvoir sur la terre de remettre les péchés ; lève toi, prends ton grabat et rentre chez toi ! » Et se levant, il s’en alla chez lui. A cette vue les foules furent saisies de crainte et glorifièrent Dieu d’avoir donné un tel pouvoir aux hommes.

Le grand prêtre lui dit : « Je t’adjure par le Dieu Vivant de nous dire si tu es le Fils de Dieu. » « Tu l’as dit, lui dit Jésus, d’ailleurs je vous le déclare, dorénavant, vous verrez le Fils de l’homme siégeant à la droite de la Puissance et venant sur les nuées du ciel. » Alors le grand prêtre ses vêtements en disant : « Il a blasphémé, qu’avons nous encore besoin de témoins ? Là vous venez d’entendre le blasphème ! Qu’en pensez-vous ? » Il répondirent : « Il est passible de mort. » Matthieu 26/63.66

Lorsqu’on lit tout ceci, on peut imaginer la notoriété de Jésus auprès des gens, car mis à part les autorités religieuses, il était reconnu, et aimé par le peuple. Mais est-ce cela que Jésus recherchait : la gloire humaine ? Non ! si le Fils de Dieu est venu parmi nous, en prenant notre condition humaine c’était pour nous révéler le Père et surtout nous sauver de la mort éternelle.

Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. Jean 3/17

Obéissance de Jésus

Mais comment Jésus s’y est-il pris pour cela ?

D’abord il a tout vécu, tout au long de sa vie dans l’obéissance au Père. Il écoutait le Père, dans la prière et lui obéissait et nous transmettait ce que le Père lui montrait.

En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils de l’homme ne peut rien faire de lui-même, qu’il ne le voit faire au Père. Ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement. Jean 5/19

Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin. Jean 4/34

Ainsi donc, toute la vie de jésus s’inscrit dans la volonté du Père et elle s’inscrira ainsi jusqu'à sa mort, Jésus acceptant la coupe, c’est à dire la mort sur la croix, que le Père lui tend.

« Père si tu veux, éloigne de moi cette coupe, cependant que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui se fasse. » Luc 22/42

Sacrifice de Jésus

Et Jésus qui avait tant été recherché par les foules va se retrouver seul sur la croix ! Mais pourquoi cela ? Pourquoi cette mort ignominieuse ? Pourquoi cette mort voulue par le Père et acceptée par Jésus ? Quel est donc l’enjeu qui se cache derrière un tel acte ? On en trouve l’explication dans la bible en différents endroits, comme en filigrane.

En effet, je ne suis pas venu pour les justes mais pour les pécheurs. »Matthieu 9/13

Et il commença de leur enseigner : Le Fils de l’homme doit beaucoup souffrir, être rejeté par les anciens, les grands prêtres, les scribes, être tué et après trois jours ressusciter. Luc 8/31

Voici venue l’heure où doit être glorifié le Fils de l’homme. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ….Et que dire : Père sauve moi de cette heure ? Mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure ; Père Glorifie ton Nom ! Jean 12/24 et 27

Comme Moise éleva le serpent dans le désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l’homme afin que quiconque croie, ait par lui la vie éternelle. Jean 3/14

C’est maintenant le jugement de ce monde, maintenant le Prince de ce monde va être jeté dehors, et moi, une fois élevé, j’attirerai tous les hommes à moi .Jean 12/31.32

C’est ainsi que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour une multitude. Matthieu 20/28

Laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’avait pas connu le péché, Il l’a fait péché pour nous, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu. 2 Corinthiens 5/24

…Le Christ a souffert pour nous….Lui qui n’a pas commis de faute ….Lui qui insulté ne rendait pas l’insulte, souffrant ne menaçait pas, mais s’en remettait à Celui qui juge avec justice ; Lui qui sur le bois de la croix a porté lui-même nos fautes dans son corps, afin que mort à nos fautes nous vivions pour la justice, Lui dont la meurtrissure vous a guéris. 1 Pierre 2/21.24

Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu et ils sont justifiés par la faveur de sa grâce en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus. Dieu l’a exposé, instrument de propitiation par son propre sang. Romain 3/25

Puis prenant une coupe, il rendit grâce et la leur donna en disant : « Buvez en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’alliance qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés. Matthieu 26/27.28

Le Christ lui, survenu comme grand prêtre des biens à venir ….entra une fois pour toute dans le sanctuaire, non pas avec du sang de bouc ou de jeune taureau mais avec son propre sang, nous ayant acquis une rédemption éternelle. Hébreux 9/11.12

En vérité, en vérité, je vous le dis quiconque commet le péché est esclave, or l’esclave ne demeure pas à jamais dans la maison, le fils y demeure à jamais. Si donc le Fils vous libère, vous serez vraiment libres. Jean 8/34.35

Moi, je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait surabondante. Je suis le bon pasteur, le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Jean 10/10.11

On pourrait encore trouver beaucoup de versets sur ce thème ! Mais ici ce qu’il est important de retenir, c’est que l’homme de par son état de péché se coupe de Dieu et donc de la vie éternelle qui est vie avec Dieu. Et l’homme lui-même est bien trop faible, trop pécheur pour offrir quelque chose à Dieu en échange de sa propre vie.

Que sert donc à l’homme de gagner le monde entier s’il ruine sa propre vie ? Et que peut donner l’homme en échange de sa propre vie ? Matthieu 8/36.37

C’est pourquoi Dieu qui aime son peuple va envoyer son Fils Jésus, en sacrifice unique, en sacrifice suprême afin que l’homme reconnaissant ce sacrifice du Fils de Dieu puisse recevoir la vie éternelle. Le sacrifice de Jésus est un sacrifice d’amour. L’amour donne tout, Dieu nous a tout donné !

Appel à l’amour

Mais justement comme Dieu est amour et que l’amour se vit au moins à deux, il attend de notre part une réponse à son amour, une réponse d’amour envers lui et envers les autres, cela étant indissociable !

Jésus lui dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur , de toute ton âme et de tout ton esprit ; voilà le premier commandement , et le second lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même . Matthieu 22/37.39

Exigence de l’amour

Mais Jésus nous appelle encore plus loin

Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. Jean 13/34

Or Jésus a donné sa vie pour nous, il nous appelle à faire de même. Il nous appelle donc à mourir à nous-mêmes, à perdre notre vie, pour l’amour de Dieu et des autres. Il nous appelle à l’aimer et à aimer les autres plus que nous-mêmes, car avant nous-mêmes !

Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. Matthieu 16/24

Si quelqu’un me sert, qu’il me suive et où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. Jean 12/26

Jésus ne dit pas : « Où sera mon serviteur je serai. » mais bien : «  Où je suis là aussi sera mon serviteur. » Or Jésus est sur la croix ! Sans sa mort, sa mort sur la croix et sa résurrection, toute sa vie messianique n’aurait aucun sens, aucune racine. Pour recevoir la vie éternelle, il fallait ce sacrifice suprême et chacun à notre mesure, selon la volonté du Père, donc selon notre vocation c’est à ce même sacrifice que nous sommes appelés. La vie des saints que nous admirons nous montre ce chemin, bien que nous les jugions souvent inimitables ! …Et si cela ne l’était pas tant que cela ?….Car enfin , l’amour est le seul chemin pour arriver à Dieu et le chemin de la croix est ce chemin d’amour que Jésus nous invite à suivre pour le rejoindre . Mais comment suivre ce chemin ?

Repères pour suivre Jésus

Jésus lui-même en montre quelques aspects et certains de ces aspects sont poussés à l’extrême par les saints dans leur exigence d’amour ; mourant ainsi sur la croix avec leur Seigneur, ils porteront des fruits inimaginables des siècles après leur mort ! mais voyons ces chemins avent des les voir dans la vie des saints.

Le renoncement à soi-même

Le premier point qui sera vital tout le temps est le renoncement à soi-même et à tout ce qui nous est cher.

Si quelqu’un vient à ma suite, sans haïr son père, sa mère, ses frères, ses sœurs et jusqu’à sa propre vie, ne peut être mon disciple .Luc 14/26

Il est évident ici qu’il faut relativiser le mot haïr ; il ne procède pas de la haine ce qui serait contraire au commandement même de Dieu, mais il procède du détachement de notre affectivité ! Dieu doit être notre premier amour et toute autre affection doit lui être subordonnée. Comme dirait sainte Jeanne d’Arc : « Dieu premier servi ! ». Nous aimons notre famille, nos proches, mais il est nécessaire que cet amour passe toujours après notre amour pour Dieu et il en va bien entendu de même pour la considération que nous avons de notre propre personne, de notre propre vie. Nous sommes appelés à aimer Dieu en premier lieu, les autres en second et nous en tout dernier lieu …. Et cela dans le quotidien de notre vie ! 

Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. Qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l’évangile la sauvera .Marc 8/34.35

Cela nous coupe de notre volonté propre, de notre esprit d’indépendance puisque nous nous mettons à vivre selon la volonté de Dieu, l’appel de Dieu ! Se renier implique en effet d’abandonner la direction de notre vie, pour la remettre totalement dans les mains du Père, pour les grandes choses comme pour les petites. Si nous vivons avec Dieu, c’est pour tout et en permanence, dès que nous reprenons la direction de notre vie, nous nous recherchons, donc nous sommes hors de ce reniement à nous-mêmes. Mais comment nous maintenir dans ce reniement ? Comment savoir ce que Dieu nous demande ? Sur un plan humain, nous pouvons nous interroger avant chaque action : est-ce Dieu qui veut ceci ou cela pour moi ? Est ce que ceci est acte d’amour ou d’égoïsme, d’égocentrisme ?…Mais ce questionnement est très loin d’être suffisant et il nous faut avant tout la prière qui est communication avec Dieu, relation avec Dieu.

La prière

Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani et il dit aux disciples : « Restez ici, tandis Que je m’en irai prier là-bas. »………. « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation, l’esprit est ardent, mais la chair est faible. » Matthieu 26/41

Nous voyons Jésus se mettre à part de ses apôtres et cela implique pour nous la prière personnelle et pas seulement la prière en Eglise :

Pour toi quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte et prie ton Père qui est là dans le secret ; et ton père qui voit dans le secret te le rendra. »

La véritable prière en effet est celle du « cœur à cœur » avec Dieu. Dieu se donne à qui vient vers lui, en vérité et aussi en humilité. Telle en témoigne la parabole du pharisien et du publicain.

Deux hommes montèrent au temple pour prier l’un était pharisien, l’autre publicain. Le pharisien debout priait ainsi : «  Mon Dieu je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes qui sont rapaces , injustes , adultères où bien encore comme ce publicain ; je jeûne deux fois la semaine , je donne la dîme de tout ce que j’acquiers. » le publicain lui , se tenant à distance , n’osait même pas lever les yeux  au ciel mais il se frappait la poitrine en disant : «  Mon Dieu aie pitié du pécheur que je suis ! » Je vous le dis, ce dernier descendit chez lui justifié, l’autre non. Car tout homme qui s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé .Luc 17/10.14

Si nous voulons entendre la parole de Dieu, la volonté de Dieu au fond de notre cœur, c’est toujours en tant que pécheur que nous devons nous mettre devant lui, car en vérité nous ne sommes pas autre chose. Mais nous savons que si nous sommes pécheurs, nous sommes aussi pécheurs aimés et pardonnés ; donc ouverts à la grâce de Dieu. Et puis Jésus nous montre comment prier, par le notre Père qui renferme tout ce dont nous avons besoin pour nous mêmes et pour les autres.

Dans vos prières ne rabâchez pas comme les païens, ils s’imaginent qu’en parlant beaucoup ils se feront mieux entendre. N’allez pas faire comme eux , car votre Père sait bien ce qu’il vous faut , avant que vous le lui demandiez , vous donc priez ainsi : Notre Père qui es dans les cieux , que ton Nom soit sanctifié , que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel , donne nous aujourd’hui notre pain quotidien ; remets nous nos dettes comme nous avons remis à nos débiteurs ; et ne nous soumets pas à la tentation mais délivre nous du mauvais . Matthieu 6/7.15

La prière en effet n’est pas faite que de mots, elle est aussi faite d’écoute. La prière est un dialogue, un cœur à cœur avec Dieu, pas un monologue !

Le jeûne

Pour suivre ce chemin il nous faut aussi le jeûne, car si nous suivons le Christ ce n’est pas pour nous-mêmes mais pour l’amour de Lui et l’amour des autres. Si nous suivons le Christ sur la croix, c’est pour nous unir à lui dans sa lutte contre le Malin. Jésus lui-même, vivra le jeûne. Il le vivra pendant 40 jours, retiré au désert, tout au début de sa mission, et là même il affrontera Satan … et le vaincra.

Jésus rempli de l’Esprit Saint, revint du Jourdain et il était mené par l’Esprit à travers le désert, durant quarante jours, tenté par le diable …..Ayant épuisé toute tentative, le diable s’éloigna de lui jusqu’au moment favorable. Luc 4/1.13

Le jeûne est donc un moyen très important pour être de plus en plus à l’écoute de Dieu, et de vaincre les forces du mal …. Mais là encore attention à l’humilité, ne nous pavanons pas dans notre jeûne, il ne correspondrait alors plus à rien.

Quand vous jeûnez, ne vous donnez pas un air sombre comme font les hypocrites, ils prennent une mine défaite pour que les hommes voient bien qu’ils jeûnent. En vérité, je vous le dis, ils tiennent déjà leur récompense. Pour toi quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage pour que ton jeûne soit connu non des hommes mais de ton Père qui est là dans le secret et ton père qui est là dans le secret te le rendra. Matthieu 6/16.18

Le service

Un autre point est le service.

Jésus est mort sur la croix, pour sauver les hommes. S’étant mis au service des hommes, il a été au bout de ce service et il nous donne la règle de ce service.

Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous ; au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous sera votre serviteur et celui qui voudra être le premier d’entre vous sera votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude. Matthieu 20/25.28

Ainsi donc, je m’aperçois que pour suivre Jésus, je dois abdiquer tout orgueil, toute volonté propre, toute indépendance pour devenir « esclave dans l’amour » de Dieu et des autres selon la volonté de Dieu.

Sacrifice d’expiation

Jésus s’est offert sur la croix, en sacrifice d’expiation pour nos péchés

C’est Lui qui est victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres  mais pour ceux du monde entier. 1 Jean 2/2

Moi, pauvre pécheur, si je suis appelé à aimer les autres comme lui les aime, suis-je aussi appeler à le rejoindre dans son sacrifice, alors même qu’il nous a tout obtenu ? Si oui, comment ?

Comme le Père a envoyé Jésus dans le monde Jésus nous envoie à son tour il nous a montré le chemin pour le rejoindre dans sa gloire, mais ce chemin justement passe par la Croix

Père  ….sanctifie les dans la vérité, ta parole est vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. Pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient eux aussi sanctifiés dans la vérité…. Père, ceux que tu m’as donnés je veux que où je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire, que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé …Jean 17/17.24

Jésus sait que le monde ne fera pas de cadeau à ses disciples et il le leur dit ouvertement :

Le disciple n’est pas au dessus du maître, ni le serviteur au dessus du patron ? Il suffit pour le disciple qu’il devienne comme son maître et le serviteur comme son patron. Du moment qu’ils ont traités de Belzébul le maître de maison que ne diront-ils pas de sa maisonnée ? Matthieu 10.24.25

Et il nous prévient lui-même que le chemin ne sera pas facile mais cependant, que nous ne seront jamais seuls.

Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups, montrez vous donc prudents comme les serpents et candides comme les colombes. méfiez vous des hommes, ils vous livreront aux sanhédrins, et vous flagelleront dans leur synagogues, vous serez traduits devant des gouverneurs et des rois à cause de moi pour rendre témoignage en face d’eux et des païens ; mais lorsqu’on vous livrera, ne cherchez pas avec inquiétude comment parler ou que dire, ce que vous aurez à dire vous sera donné sur le moment car ce n’est pas vous qui parlerez , mais l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. Matthieu 10/16.20

A deux disciples qui lui demandaient une certaine place au paradis il leur répondit :

« Pouvez vous boire à la coupe que je vais boire ? » ils lui dirent : «  Nous le pouvons » « Soit leur dit-il, vous boirez à ma coupe … » Matthieu  20/22.23

Ainsi il paraît clair que le chrétien est appelé à partager la coupe du Seigneur et cela au sens propre ! Tous ne sont pas appelés au martyr certes, mais chacun a sa propre participation selon la volonté du Père et …selon sa propre réponse d’amour ; car Dieu nous aime trop pour nous violer de quelque façon que ce soit ! Saint Paul avait compris cela et il le vivait lorsqu’il écrivait :

Nous sommes pressés de toutes parts, mais non pas écrasés, ne sachant qu’espérer mais non désespérés, persécutés mais non abandonnés, terrassés mais non annihilés. Nous portons partout et toujours en notre corps les souffrances de Jésus, pour que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans nos corps .2Corinthiens 4/8.10

Ainsi donc, l’union à la croix se justifie et il est maintenant temps de voir comment les saints ont vécu cette union. Comme ils sont beaucoup trop nombreux je n’en prendrai qu’un : le Curé d’Ars.

Accepter la croix

Il connaissait si bien le chemin de la croix et la difficulté que l’homme a de le prendre qu’il disait : 

« Dans le chemin de la croix, voyez mes enfants, il n’y a que le premier pas qui coûte. C’est la crainte des croix qui est notre plus grande croix. On n’a pas le courage de porter sa croix, on a bien tort car quoique nous fassions, la croix nous tient, nous ne pouvons lui échapper ….Ecoutez bien ça, mes enfants ; celui qui va au devant de la croix, marche à l’opposé des croix. Il les rencontre peut-être, mais il est content de les rencontrer, il les aime, il les porte avec courage, elles l’unissent à notre Seigneur, elles le purifient, elles le détachent de ce monde, elles emportent de son cœur tous les obstacles, elles l’aident à traverser la vie, comme un pont à passer l’eau. Si le Bon Dieu nous envoie des croix, nous nous rebutons, nous murmurons, nous sommes si ennemis de tout ce qui nous contrarie que nous voudrions être dans une boite en coton ; c’est dans une boîte d’épines qu’il faudrait nous mettre. C’est par la croix que l’on va au ciel : les maladies, les tentations, les peines sont autant de croix qui nous conduisent au ciel. Notre Seigneur, est notre modèle, prenons notre croix et suivons le … Si quelqu’un vous disait : « je voudrais devenir riche que faut-il faire ? » Vous lui diriez : «  il faut travailler » Eh bien, pour aller au ciel, il faut souffrir ! …Souffrir qu’importe, ce n’est qu’un moment. Si nous pouvions passer huit jours dans le ciel, nous comprendrions le prix de ce moment de souffrance ; nous ne trouverions pas de croix assez lourdes, pas d’épreuves assez amères… »

Les deux aspects de la croix

En fait dans l’union à la Croix, donc à la Passion, il y a la réparation et la pénitence, et celles ci se présentent sous deux aspects qu’il faut bien noter : le premier qui est acceptation des événements de notre vie, et le second qui est pénitence et réparation volontaires pour nous mêmes ou pour les autres.

Accepter les évènements

Le premier cas se trouve être commun à tous les chrétiens, mais encore faut-il bien voir avec quel cœur et quel esprit nous acceptons ces évènements. Le curé d’Ars nous dit : 

« Il ne faut jamais regarder d’où viennent les croix, elles viennent de Dieu. C’est toujours Dieu qui nous donne ce moyen de lui prouver notre amour. » 

En effet nous nous demandons souvent d’où nous viennent tous nos problèmes ; nous voulons bien recevoir les joies et le bonheur de la part de Dieu mais nous avons bien du mal à recevoir toutes contrariétés comme venant de Lui, Nous voulons si souvent le transformer, non en Dieu d’amour mais en « papa gâteau ».

La croix, cadeau de Dieu

Or « La croix est le don que Dieu fait à ses amis » car « les contradictions nous mettent au pied de la croix et la croix, à la porte du ciel. ».

Quand on n’a pas la foi, il est normal de refuser la souffrance sous quelque forme qu’elle se présente, mais il ne doit pas en être de même lorsque nous croyons en Jésus-Christ, mort crucifié pour nous sauver ! Et si nous sommes vraiment disciples du Christ nous devons pouvoir assumer ces souffrances avec Jésus, puisqu’il nous montre la route et nous porte lui-même ; c’est pourquoi le Curé d’Ars écrivait : 

« les gens du monde se désolent quand ils ont des croix, mais les bons chrétiens se désolent quand ils n’en n’ont pas. Le chrétien vit au milieu des croix comme le poisson dans l’eau. » En effet, même si cela est dur à comprendre, « les épreuves pour ceux qui aiment Dieu, ne sont pas des châtiments mais des grâces. »

De la manière de vivre la souffrance

Cependant, pour pouvoir accepter cette dimension, il nous faut vivre avec Jésus, c’est à dire dans l’amour et la confiance ; et le Curé d’Ars qui avait découvert cela affirmait :

«Qu’on le veuille ou non, il faut souffrir. Il y en a qui souffrent comme le bon larron, et d’autres comme le mauvais. Tous deux souffraient pareillement ; mais l’un sut rendre ses souffrances méritoires, il les accepta en esprit de réparation et se tournant du côté de Jésus crucifié, il recueillit ses belles paroles : « aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ; » L’autre au contraire, poussait de hurlements, vociférait des imprécations et des blasphèmes et expira dans le désespoir le plus affreux ….. Toutes les peines sont douces, quand on souffre en union avec notre Seigneur …..Union avec Jésus-Christ, union à la croix, voilà le salut ! » . 

Et dès lors il nous appelle à tout accepter avec reconnaissance, compte tenu de notre état de pécheur : 

« Si le Bon Dieu détache des parcelles de sa croix pour nous éprouver et nous faire expier nos fautes, nous devons les accepter avec reconnaissance et amour» .

Souffrir en aimant, aimer en souffrant  

Il sait que cette participation à la croix du Christ n’est pas punition mais source de salut pour nous-mêmes et pour les autres et c’est en cela même qu’il puise sa force et surtout sa joie : 

« Jamais je n’ai été si heureux que dans les moments où j’ai été persécuté, calomnié. Dieu m’inondait alors de consolation, Dieu m’accordait tout ce que je lui demandais …. .Il y a deux manières de souffrir : souffrir en aimant et souffrir sans aimer. Les saints souffraient tout avec patience, joie, persévérance parce qu’ils aimaient. Si nous aimions Dieu nous serions heureux de pouvoir souffrir pour l’amour de Celui qui a bien voulu souffrir pour nous…. Vous dîtes : c’est dur ? Non, c’est doux, c’est consolant, c’est suave, c’est le bonheur ! Seulement il faut aimer en souffrant, il faut souffrir en aimant. »

Souffrir pour les autres

Ayant découvert cette puissance de l’union à la croix il ira jusqu’à faire cette prière : 

« Accordez moi la conversion de ma paroisse et je consens à souffrir tout ce que vous voulez tout le temps de ma vie. »

Et quand on connaît un tant soit peu la vie de notre saint curé on peut y reconnaître la réalisation concrète de cette prière tant par sa souffrance que par les grâces de conversion obtenues, non seulement dans sa paroisse mais bien au-delà ! En fait il nous faut ici prendre conscience que Dieu n’est jamais en reste d‘amour avec nous ; le peu que nous lui donnons, il nous le rend au centuple et nous serons toujours ses débiteurs dans l’amour.

Pénitence et réparation volontaires

Et c’est là que nous en arrivons au second point que sont la réparation et la pénitence volontaires. C’est là que se trouve la grande différence entre notre vie et celle des saints, tant ils sont allés au bout de l’amour dans l’offrande volontaire de tout leur être. Ils sont souvent allés très loin dans le jeûne, quasi quotidien pour certains, dans la pénitence, dormant par terre en tout temps, aimant à l’excès la pauvreté, s’appliquant cilice et discipline. Certes nous ne sommes pas tous appelés à une telle extrémité, mais tous, nous sommes appelés à regarder notre vie en vérité, à demander pardon pour nos fautes et à réparer autant que cela se peut le mal que nous avons commis.

Devenir saint dans la pénitence

Dieu nous appelle à devenir saints et le curé d’Ars qui connaissait bien l’état pécheur de l’homme disait : 

« Nous pouvons devenir saints, si ce n’est pas par l’innocence, ce sera au moyen de la pénitence. » Tout en affirmant la beauté de la pénitence : « Que c’est beau de s’offrir tous les matins en sacrifice, au Bon Dieu et de tout accepter en expiation de ses péchés. » ;

il nous donne un moyen très simple de faire pénitence : 

« Quand vous avez envie d’une chose, faites en le sacrifice, c’est le moyen le plus sûr de Lui être agréable. » Et il va nous expliquer ensuite cela en détail : « Oh que j’aime ces petites mortifications qui ne sont vues de personne, comme de se lever 1/4 h plus tôt ; de se lever un petit moment la nuit, pour prier, mais il y en a qui ne pensent qu’à dormir. On peut se priver de se chauffer ; si l’on se trouve mal assis ne pas chercher à se mieux placer ; si l’on se promène dans son jardin, se priver de quelques fruits qui feraient plaisir, en faisant son ménage on peut ne pas manger quelques petits morceaux qui se présentent ; se priver de voir quelque chose qui nous attire le regard et qui est joli, dans les rues des grandes villes surtout. Lorsque nous allons dans les rues, fixons nos regards sur notre Seigneur portant sa croix devant nous, sur la Sainte Vierge qui nous regarde, sur notre ange gardien qui est à nos côtés. C’est encore une bien bonne chose de renoncer à sa propre volonté ….Dans le monde même, à toute heure, on trouve à renoncer à sa volonté : on se prive d’une visite qui fait plaisir, on remplit une œuvre de charité qui ennuie, on se couche deux minutes plus tard, on se lève deux minutes plus tôt, lorsque deux choses se présentent à faire, on donne la préférence à celle qui nous plait le moins. » 

Chacun peut vivre cela, à sa mesure dans sa vie et sans nul doute que ce sera source de grâce, de vie, non seulement pour nous-mêmes mais encore pour tous ceux qui nous entourent

Joie et bonheur dans la mortification

Lui-même avait mis cela en application dans sa vie, mais il allait plus loin encore dans la mortification, par le cilice et la discipline et il découvrit ainsi une telle puissance de vie et d’amour. Qu’il écrivait : 

« la mortification a un baume  et des saveurs dont on ne peut plus se passer quand on les a une fois connus ; on veut épuiser la coupe, aller jusqu’au bout. »

La puissance de la pénitence c’est l’amour

Il ne faut pas croire qu’il était « maso » ! Il n’aimait pas plus la souffrance que n’importe qui, mais il aimait Dieu et le peuple de Dieu et dans cet amour il se donnait tout entier, corps et âme à Dieu, ainsi qu’il le disait : 

«  Il n’y a qu’une manière de se donner à Dieu dans l’exercice du renoncement et du sacrifice : c’est tout de se donner tout entier sans rien garder pour soi. » 

Cependant il savait que tout exercice de pénitence n’est rien par lui même ; ce qui lui donne de l’importance, c’est l’amour, et il aimait tellement ces « pauvres pécheurs », qu’à une époque où les peines du confessionnal étaient lourdes, il leur appliquait la recette suivante lorsqu’ils venaient se confesser : 

«  Pour moi, je vais vous dire ma recette : je leur donne une petite pénitence et je fais le reste à leur place. »

Cela ne l’empêche pas d’en appeler certains à la pénitence pour les autres :

 « Vous avez prié, vous avez gémi, vous avez pleuré, mais avez vous jeûné, avez vous veillé, avez vous couché sur la dure, vous êtes vous donné la discipline ? Tant que vous n’en serez pas venu là, ne croyez pas avoir tout fait. ».

De la relativité de la discipline et du cilice.

Ceci dit, il relativise en même temps le rôle de la discipline et du cilice, pour lui c’est simplement un plus dans l’amour et dans la lutte contre le malin et son expérience lui permet d’écrire :  

«  Le démon se moque de la discipline et des autres instruments de pénitence, du moins s’il ne s’en moque pas, il en fait peu de cas et traite doucement ceux qui en font usage ; mais ce qui le met en déroute, c’est la privation dans le boire, le manger, le dormir. Il n’y a rien que le démon redoute comme cela et qui soit par conséquent plus agréable à Dieu. Oh comme je l’ai éprouvé, Oh que de grâce le Seigneur m’accordait alors ! J’obtenais tout ce que je voulais  pour moi et pour les autres. »

Prier pour les pécheurs

C’est aussi du fond de son amour pour Dieu et pour les hommes qu’il dit : 

«  Prier pour les pécheurs c’est la plus belle, la plus utile des prières, car les justes sont sur le chemin du ciel, les âmes du purgatoire sont sures d’y rentrer, mais les pauvres pécheurs …les pauvres pécheurs... Toutes les dévotions sont bonnes, mais il n’y en a pas de meilleures que celle là. » et il insiste en affirmant : « jamais, il ne faut pas aller jusqu’au bout de ses désirs en fait d’austérités et de pénitences. »

Et les autres saints ?

Bien que je me sois contentée ici de faire référence au Curé d’Ars, il n’est pas le seul saint à avoir parlé et vécu de la sorte. Ils sont nombreux depuis les premiers martyrs dont saint Ignace d’Antioche qui voulant mourir pour le Christ écrivait au chrétiens de Rome, pour que ceux ci ne cherchent pas à le délivrer :

« Laissez moi devenir la nourriture des bêtes, par elles je pourrai rencontrer Dieu. Je suis le blé de Dieu. Je suis écrasé par la dent des bêtes, pour devenir un pain très pur, le Pain du Christ …Suppliez le Christ pour moi, afin que sous la dent des bêtes je sois un sacrifice offert à Dieu. » ;

jusqu’à nos jours où nous voyons un Père Kolb prendre la place d’un condamné à mort, une Marthe Robin accepter d’être « Hostie Vivante » , un Mère Thérèsa renonçant à tout, et vivant dans la plus grande pauvreté et humilité pour aider le peuple de Dieu !

Rejoindre l’appel de Marie

Au vu de toutes ces vies offertes, on peut comprendre que la vraie pénitence, en fait, est la mort à soi-même ; la mort à son orgueil, la mort à son indépendance, à sa volonté propre, dans l’amour de Dieu et des autres pour ne devenir qu’un outil entre les mains de Dieu. C’est ainsi que nous rejoignons en profondeur l’appel de la Vierge Marie : 

«  Vous devez vous convertir. Renoncez à tout et soyez prêts à tout. …Le vrai jeûne consiste à renoncer à tous les péchés, mais il faut se renoncer en y faisant participer le corps … »

Vivre dans l’obéissance au guide spirituel

Il faut rappeler, ici, toutefois, que toute pénitence ou réparation ne se vit pas de seule volonté humaine mais d’abord de volonté divine, donc d’obéissance à l’appel de Dieu et comme tout être humain dans sa faiblesse peut se laisser abuser par le malin ou par lui même dans son orgueil, il doit toujours se soumettre en cette matière à son guide spirituel donc à l’Eglise. Toutefois chacun est appelé à s’interroger en tant que pécheur sur son chemin de réparation dans l’amour de son Seigneur et de ses frères et sœurs.

Myriam de Gemma